Les dépenses « réceptions » de l’Élysée en forte hausse, pointe la Cour des comptes
POLITIQUE – Les salons feutrés et les prestigieuses salles à manger de l’Élysée accueillent régulièrement des dîners officiels. Réceptions de chefs d’État étrangers, cocktails en l’honneur de personnalités triées sur le volet… Les occasions sont nombreuses pour la présidence française. Et en 2023, leur nombre a même augmenté, selon un rapport de la Cour des comptes publié ce lundi 29 juillet.
171 réceptions ont été organisées en 2023, deuxième année du second mandat d’Emmanuel Macron, contre 146 en 2019. Une année intéressante en termes de comparaison, car antérieure au Covid et aux restrictions de déplacements et d’invitations. En parallèle, le nombre d’invités (+13 % en un an) et les dépenses par invité (+20,5 %) ont connu la même trajectoire.
Ni « dette » ni « déficit » selon l’Élysée
Au total, les vingt principaux cocktails et réceptions de 2023 liés à l’agenda d’Emmanuel Macron auront coûté 202 000 € en 2024, contre 147 000 l’année précédente. Sans compter, précise la Cour des comptes, les deux dîners d’État organisés pour la venue du Premier ministre indien Modi et du roi Charles III. Lesquels ont respectivement été facturés 412 000 € et 474 000 €. Dans le détail, ce sont les frais de traiteurs qui auront été les plus élevés (166 000 € pour le monarque britannique), suivis notamment par les boissons (42 000 €). Les dépenses liées aux arts de la table (linge, décoration, fleurs) atteignent quant à elles… 15 000 €.
« La France entretient des relations diplomatiques avec de très nombreux pays qui organisent des événements équivalents lorsqu’ils reçoivent le chef de l’État », tient à rappeler l’Élysée auprès du HuffPost, qui explique que « comme après chaque rapport, la Présidence tiendra compte des remarques de la Cour pour améliorer son organisation et ses dispositifs internes ». Le Palais se refuse à parler de « dette » ou de « déficit », et préfère rappeler les niveaux records d’inflation et « le contexte géopolitique et politique qui influence l’agenda » du Président.
Inflation, travaux dans les cuisines…
À noter que 33 000 € de frais de restauration avaient été engagés pour la visite de Charles III prévue à la fin du mois de mars, finalement annulée en raison du contexte social et des manifestations contre la réforme des retraites.
Les remises de décoration faites par le Président de la République ont, elles, entraîné des dépenses de traiteur à hauteur de 66 000 € en 2023, contre 27 000 € en 2022. La Cour des comptes explique en partie ces hausses fulgurantes par d’importants travaux engagés dans les grandes cuisines, qui ont obligé l’Élysée à faire appel à des prestataires extérieurs, entraînant un surcoût, mais aussi par l’inflation.
Des chiffres qui « fragilisent les comptes de la Présidence »
Au-delà de ces réceptions spécifiques, le Président de la République dispose, au quotidien, de cinq maîtres d’hôtel en charge de son service privé. Au détour de ce rapport de 75 pages, on apprend d’ailleurs que la cave présidentielle comporte près de 14 000 bouteilles, pour une valeur en stock estimée à 500 000 €.
Au global, la Cour des comptes parle d’un « résultat déficitaire qui fragilise les comptes de la Présidence » et d’une « situation financière qui appelle à la vigilance ». Le résultat de 2023 est déficitaire de 8,3 millions d’euros, après un léger excédent de 300 000 euros en 2022.
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