Les « dividendes du DOGE », la promesse de Musk qui tient à un fil
ÉTATS-UNIS – C’est tout le problème de l’argent magique. Lorsqu’Elon Musk a été nommé par Donald Trump à la tête du DOGE, un département pensé spécialement pour lui, la mission était limpide : couper au couteau de boucher dans les branches de l’administration pour de substantielles économies. À la clef, un État central allégé, et des Américains plus riches. Mais ça, c’était avant.
Entre un et deux mille milliards de dollars d’économie, soit tout de même un chiffre à douze zéros, c’était l’objectif affiché dès la prise de poste de l’homme le plus riche du monde. Avec, à l’appui de ces estimations dantesques, des annonces chocs et souvent douloureuses, comme la fin des aides versées à l’étranger par l’USAID, censée rapporter immédiatement 21,6 milliards de dollars, soit 19 milliards d’euros, à l’administration. Des chiffres, qui, malgré l’activisme indéniable du DOGE, ont été rapidement contestés.
De nombreux médias, comme les membres des administrations touchés par les soudains gels de budgets, ont rapporté d’étranges pratiques de comptabilité. En témoigne cet article d’Associated Press, qui, en février 2025, révèlait que 40 % des contrats fédéraux « annulés » par le département de Musk étaient en fait déjà honorés, donc payés, et qu’il ne fallait attendre aucune économie de leur annulation. À force d’accumuler ces constats, le réel a fini par rattraper le patron de SpaceX.
Le 10 avril, il a donc actualisé ses prévisions. Ce n’est plus « One trillion dollars » que va permettre d’économiser son département, mais… 150 milliards de dollars (132 milliards d’euros), rapporte le New York Times. Alors bien sûr, cela n’est pas rien, mais c’est tout de même une baisse de 85 % dans les ambitions du département. D’autant que, comme l’explique le NYT, cette estimation a toujours quelque chose de largement surestimé. Mais quoi qu’il en soit, une chose est sûre : les Américains peuvent dire au revoir à leur chèque.
Le « chèque de dividendes » qui fond au soleil
Dès sa nomination, Musk expliquait qu’il était naturel que l’argent économisé par l’action de son département revienne aux Américains, sans plus de précision. L’idée a fait son chemin jusqu’au patron d’un fonds d’investissement américain qui, calculatrice en main, a estimé qu’il était juste que 20 % d’économies réalisées par le DOGE aillent directement dans la poche des citoyens, sous la forme d’un chèque de 5000 dollars (4400 euros).
L’idée a semblé plaire à Elon Musk, qui a répondu sur X « Je vais voir avec le Président », avant que ce dernier ne cite lui-même l’idée dans une interview. C’est la parfaite matérialisation du « chèque de dividendes de DOGE » qu’imaginait Musk dès sa prise de poste. Bien sûr, une telle mesure doit encore être votée par le congrès américain, et le possible départ de Musk de l’administration pourrait compliquer les choses. Mais le principal problème, c’est surtout que l’argent en question n’existe pas.
Le calcul des 5000 dollars par personne se décompose en effet ainsi : 20 % de 2000 milliards d’économie font 400 milliards, à diviser par les 79 millions de ménages qui paient des impôts, égale 5000. Mais que se passe-t-il lorsque les 2000 milliards se transforment en 150 ? L’argent magique a fondu. L’équation ne tient plus du tout la route.
Est-ce à dire que les Américains peuvent faire une croix sur le chèque espéré ? Ce n’est pas sûr, surtout si Donald Trump veut en faire une victoire politique«. Aux dernières nouvelles, le texte était toujours en préparation, mais dans le plus grand flou. Aucun montant n’est précisé encore, mais l’on sait en revanche il serait finalement versé sous la forme d’une baisse d’impôts exceptionnelle. S’il se matérialise un jour.
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