Economia

Les trois enjeux de la visite d’Emmanuel Macron en Arabie saoudite

DIPLOMATIE – Une nouvelle poignée de main entre Paris et Ryad. Emmanuel Macron atterrit en Arabie saoudite ce lundi 2 décembre dans l’après-midi pour une visite diplomatique de trois jours. Le président français rencontrera à cette occasion le prince héritier Mohammed ben Salmane pour « approfondir les coopérations dans des domaines stratégiques », a précisé l’Élysée.

Il s’agit du troisième déplacement du président français en Arabie saoudite depuis 2017. De son côté, le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) a multiplié les visites officielles en France ces dernières années, dans un élan de normalisation de ses relations diplomatiques, après avoir été un temps écarté de la scène internationale en raison de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en Turquie.

Lors de cette nouvelle rencontre, les deux dirigeants vont évoquer divers partenariats économiques, mais ils comptent avant tout « travailler ensemble » sur les conflits qui secouent la région et sur les risques d’escalade généralisée. « Le Liban sera évidemment aussi au cœur des discussions », a annoncé l’Élysée, alors qu’une trêve fragile est entrée en vigueur mercredi dernier entre Israël et le Hezbollah.

• Le Liban « au cœur des discussions »

Fort de son rôle dans l’obtention du cessez-le-feu au Liban, Emmanuel Macron espère un soutien saoudien à l’armée libanaise, qui se redéploie à la frontière avec Israël mais manque de moyens, et à la résolution de la crise politique qui secoue le Liban depuis plus de deux ans.

La monarchie du Golfe, longtemps influente politiquement et financièrement au Liban, s’en est désengagée ces dernières années devant le poids grandissant du Hezbollah. Mais ce dernier sort très affaibli du conflit avec Israël, et Ryad pourrait donc se décider à « financer à nouveau des acquisitions au profit des Forces armées libanaises, voire une aide à l’économie libanaise », avance un connaisseur du dossier à Paris.

Par ailleurs, les deux pays appellent aussi à un cessez-le-feu à Gaza et à une « issue politique » reposant sur la « solution des “deux États” », israélien et palestinien. L’Arabie saoudite, qui abrite les lieux les plus saints de l’islam, est engagée dans des discussions avec Washington pour une normalisation de ses relations avec Israël et l’octroi de garanties de sécurité américaines. Mais mi-septembre, le prince héritier a affirmé que son pays ne reconnaîtrait pas Israël avant la « création d’un État palestinien ».

• Plusieurs contrats clés à décrocher

La visite présidentielle aura également un important volet économique alors que le royaume, premier producteur mondial de brut, s’est engagé dans une diversification accélérée pour faire face à un potentiel après-pétrole. Les deux pays entendent « renforcer de manière très importante » leurs échanges économiques qui ne sont pas « à la hauteur des ambitions communes », souligne l’Élysée.

Emmanuel Macron sera accompagné d’une cinquantaine de patrons de grands groupes français (Total, EDF, Veolia…) mais aussi de start-ups dans l’intelligence artificielle et la physique quantique (Pasqal, Alan, Mistral…). Autant de secteurs, avec la transition énergétique et les mobilités, qui pourraient déboucher sur des contrats. Des entreprises françaises vont notamment participer à des projets dans l’énergie solaire.

Enfin des discussions sont également en cours pour l’acquisition d’avions de chasse Rafale par l’Arabie. « La visite du président pourrait permettre d’emporter une décision, pas forcément une annonce », selon une source proche du dossier.

• Discuter tourisme avec le prince héritier

Le développement du tourisme figure parmi les priorités du rapprochement entre la France et l’Arabie saoudite. L’un des projets phares de cette collaboration est la valorisation de la région d’Al-Ula, située dans le nord-ouest du royaume, riche en vestiges archéologiques et paysages d’exception. Un accord sur dix ans a été signé en 2018 entre les deux pays pour le développement touristique et culturel de la région.

Dans la journée de mardi, Emmanuel Macron se rendra sur ce site, accompagné de la ministre de la Culture Rachida Dati. Plusieurs responsables culturels français seront également présents, dont celui du Centre Pompidou qui va réaliser à Al-Ula un musée d’art contemporain dédié aux artistes du monde arabe qui ouvrira en 2027.

« Ce déplacement marque le soutien apporté par la France à un royaume engagé dans une dynamique de transformation rapide et profonde », conclut l’Élysée, qui précise que « l’excellence de la relation avec l’Arabie saoudite nous permet d’aborder tous les sujets », y compris les droits humains. Le royaume qui pratique la peine de mort et limite sévèrement la liberté d’expression, est régulièrement épinglé à ce sujet.

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