Macron accueille les grands patrons à Versailles et espère « un pognon de dingue »

ÉCONOMIE – « Faire un pognon de dingue. » Voici le mantra d’Emmanuel Macron, qui accueille ce lundi 19 mai 200 grands patrons venus du monde entier à Versailles pour le 8e sommet Choose France (ou « Choisissez la France » en français). Sept ans après la création de cet évènement économique, le président de la République table sur un nouveau record d’investissements cette année avec 20 milliards d’euros espérés.

Il y aura « plus d’une cinquantaine » de divulgations de projets, « et on passera le cap des vingt milliards d’euros », a déclaré en grande pompe le chef de l’État lors d’une interview à la presse régionale. Le record de 15 milliards d’euros de l’an dernier serait ainsi largement battu.

Pour faire la promotion de cet évènement, Emmanuel Macron n’a eu aucun scrupule à ressortir l’une de ses expressions bien connues, et ce malgré la polémique qui l’accompagne. Dans une séquence filmée en 2018 à l’Élysée, le chef d’État avait choqué en affirmant : « On met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens ils sont quand même pauvres. On n’en sort pas. » L’opposition avait dénoncé à l’époque la « démagogie » et le « populisme » des propos du président.

Teddy Rinner en « spécial guest »

C’est dans un tout autre contexte que le président recycle donc cette phrase en 2025. Dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux pour teaser des investissements qui devraient concerner des secteurs aussi divers que la technologie, la finance ou encore le tourisme, Emmanuel Macron ne cache même plus son amour pour le capitalisme et les grandes entreprises.

Comme vous pouvez le voir dans la séquence ci-dessous, des patrons apparaissent un à un et déclarent combien ils ont investi dans l’Hexagone. Le PDG de Coca-Cola, James Quincey affirme par exemple avoir injecté « un milliard de dollars » au cours des cinq dernières années dans l’économie française.

Au total, deux cents patrons (BYD, Blackstone, Goldman Sachs, Ikea, BASF, les fonds souverains du Golfe…) ont confirmé leur participation à Choose France, dont un sur cinq vient des États-Unis.

Cette année, les data centers sont mis à l’honneur. Le géant américain de la logistique Prologis va annoncer lundi un investissement en France de 6,4 milliards d’euros, a fait savoir l’Élysée. L’investissement de Prologis comprend un milliard d’euros pour 750 000 m2 d’entrepôts d’ici 2028, ciblant les marchés de Marseille, Lyon, Paris et Le Havre, et permettant la création de plus de 3 200 emplois directs et 2 400 emplois indirects. Parallèlement, Prologis veut développer quatre grands projets de centres de données en région parisienne, représentant une capacité totale de 584 mégawatts.

Le Canadien Brookfield va quant à lui confirmer à l’occasion du sommet un investissement allant jusqu’à 10 milliards d’euros pour un site d’infrastructures d’intelligence artificielle (IA) qui sera localisé à Cambrai (Nord), avec près de 4 000 emplois directs et indirects à la clé.

Dans un autre registre, l’Élysée a annoncé la venue de Teddy Riner. Le double champion olympique de judo sera même l’invité d’honneur du sommet et prendra la parole. « Sa présence vise à illustrer le dynamisme de la France au cœur de cette 8e édition post-JO », souligne la présidence de la République. Le judoka est devenu ces dernières années un businessman, avec ses nombreuses entreprises et sa compétition, la Riner Cup, destinée aux amateurs, rappelle L’Équipe.

Emmanuel Macron au centre du sommet

Depuis 2017, 178 projets, pour un montant total de 47 milliards d’euros, ont été annoncés, dont « onze » seulement ont été abandonnés, se félicite Emmanuel Macron.

Le thème de cette année est « France, terre de créativité », avec deux séquences nouvelles : une sur le tourisme et l’autre sur l’audiovisuel.

Après s’être longtemps déroulé en janvier, au moment du Forum économique mondial de Davos, Choose France a lieu chaque année depuis 2022 au château de Versailles en mai. La présidence de la République justifie que, « dans les décisions d’investissements que nous cherchons à attirer, la connaissance personnelle a beaucoup de valeur pour les patrons », qui apprécient « de pouvoir passer du temps de qualité avec les décideurs, dans un endroit magnifique ».

Emmanuel Macron est au centre du sommet, avec quatre déplacements en lien avec celui-ci. Lundi matin, notamment, il se rendra dans la Meuse à l’usine Daimler Buses de Ligny-en-Barrois, dont la production évolue actuellement vers des bus hybrides et électriques. À Versailles, il rencontrera aussi des chefs d’entreprise sud-coréens, et participera à deux tables rondes en petit comité, sur les minerais stratégiques et l’intelligence artificielle, avant de présider le « dîner de travail » final.

« Être premier (en Europe) (…) c’est vraiment le résultat de toutes les politiques mises en place depuis 2017 » pour les entreprises, vante l’Élysée.

Le cabinet de conseil en stratégie Kearney ne classe pourtant la France qu’au 3e rang de l’attractivité en Europe, derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne, et au 7e dans le monde (en recul d’une place cette année). Il la juge affectée « par la dégradation accélérée de sa trajectoire budgétaire » et par « une situation politique aux équilibres précaires depuis la dissolution ». Laquelle a été décidée en juin par Emmanuel Macron. Mais ce classement ne sera bien évidemment pas mis en avant pendant Choose France. Il ferait tache.

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