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Macron reçoit le leader du Turkménistan, le « pire du pire » en matière de droits de l’Homme

POLITIQUE – Invité spécial. Le président français Emmanuel Macron reçoit Gourbangouly Berdymoukhamedov, leader de fait du Turkménistan, l’un des pays les plus reclus et autoritaires au monde, ce lundi 5 mai au soir. Le but : signer plusieurs accords avec ce pays qui regorge en gaz.

Le « leader national du peuple turkmène », père du président turkmène Serdar Berdymoukhamedov, est attendu à 20 heures à l’Élysée pour « des signatures d’accords » et un dîner de travail, a annoncé la présidence française sans plus de précisions.

Gourbangouly Berdymoukhamedov espère que sa visite « donnera un élan puissant au développement de la coopération » bilatérale et « ouvrira une nouvelle page dans l’histoire des relations » entre Achkhabad et Paris, selon des propos rapportés par l’agence de presse officielle du Turkménistan.

Dernier sommet avec Sarkozy il y a 15 ans

Seuls deux sommets franco-turkmènes ont eu lieu depuis l’indépendance du pays de l’URSS en 1991, le dernier remontant à une visite de Gourbangouly Berdymoukhamedov au président Nicolas Sarkozy en février 2010. De fait, il est très rare que des dirigeants européens s’affichent au côté des responsables turkmènes. La chancelière allemande Angela Merkel avait ainsi accueilli le dirigeant turkmène en 2016. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s’est rendu à Achkabad en 2023.

Le Turkménistan, ex-république soviétique désertique bordant la mer Caspienne, se trouve dans les tréfonds des classements pour les droits humains et la liberté de la presse, au côté de l’Afghanistan, du Soudan ou du Tibet. En 2025, l’ONG américaine Freedom House, spécialiste de l’évaluation des droits civils et humains, continue de classer le pays dans la catégorie « le pire du pire » – en compagnie de 16 autres – avec un score de 1 sur 100. Seule la Corée du Nord fait moins bien dans ce classement.

« Le Turkménistan est un État autoritaire et répressif où les droits politiques et les libertés civiles sont bafoués. (…) La corruption est généralisée, les groupes religieux sont persécutés et la dissidence politique n’est pas tolérée », écrit notamment l’ONG, tandis que la presse indépendante et la liberté d’expression y sont inexistantes.

Le duo père fils Gourbangouly et Serdar Berdymoukhamedov, au pouvoir depuis 2006, fait notamment l’objet d’un véritable culte de la personnalité. Le père, président du Conseil du peuple du Turkménistan, est loué comme « Héros-Arkadag » (protecteur) et « chef de la Nation turkmène » et demeure de fait le maître incontesté du pays.

Convoité pour son gaz

Riche en ressources naturelles, le Turkménistan, comme les autres pays d’Asie centrale, attise les convoitises et les rivalités entre Russie, Chine et Europe. L’Union européenne, qui tente de se poser en alternative, a ainsi annoncé en avril une aide de 12 milliards d’euros pour l’Asie centrale dans le cadre de son projet « Global Gateway » pour les infrastructures, réponse européenne aux « Nouvelles routes de la soie » promues par Pékin.

Serpent de mer depuis trois décennies, la livraison des immenses réserves de gaz turkmène en Europe pourrait être abordée à l’Élysée. Ce projet, freiné par des difficultés logistiques, avec des infrastructures de transport via la Russie, a été relancé par la guerre en Ukraine et la fin de la livraison de gaz russe en Europe, qui doit trouver des approvisionnements alternatifs.

Le Turkménistan, qui cherche à diversifier ses partenaires pour ne pas dépendre du seul marché chinois, appelle de son côté régulièrement à construire un gazoduc à travers la mer Caspienne reliant l’Asie centrale au Caucase puis à l’Europe, pour l’heure sans financement concret.

Les échanges commerciaux franco turkmènes restent faibles – 74,6 millions d’euros en 2023 – et le Turkménistan est seulement le 141e partenaire commercial de la France, mais la présence française est visible. Les groupes Bouygues et Vinci y construisent de nombreux bâtiments en marbre pour les dirigeants du pays, friands de constructions grandioses, ce qui a contribué à la création d’une nouvelle image architecturale du Turkménistan.

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