Même la dégradation de la note française avait moins stressé la bourse que la dissolution
FINANCE – Les marchés ont toujours un moyen de faire passer un message. Depuis qu’Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale dimanche 9 juin après les résultats des européennes, certains indicateurs boursiers frémissent. Et plutôt deux fois qu’une. Depuis 48 heures, les économistes scrutent notamment le « spread OAT-Bund ». Ce mardi, il a atteint son taux le plus haut depuis 2020.
Derrière cette appellation assez technique, un indice qui fait référence aux obligations françaises (OAT) et allemandes (Bund). Le spread, qui veut dire « écart » en anglais, mesure la différence de rendement à 10 ans entre la dette hexagonale et celle de nos voisins d’outre Rhin qui fait figuer de valeur refuge. Résultat, plus le rendement est haut, moins les investisseurs ont confiance. Or depuis dimanche, c’est donc plutôt Berlin que Paris qui inspire la sérénité.
Ce matin, le taux de rendement français a dépassé 3,30%, contre 3% au début du mois et 2,5 % au début de l’année, souligne Eric Doc, professeur d’économie, sur Twitter.
Et comme le taux de rendement de la dette allemande reste, lui, stable à 2,6%, l’écart entre les deux pays (le spread donc) augmente considérablement. Il s’affiche à plus de 60 points ce mardi alors qu’il était sous la barre des 48 points en fin de semaine dernière.
Un signe du trouble qui règne sur les marchés depuis l’annonce choc du président. Pour preuve, lorsque Standard & Poor a dégradé d’un rang la note de la France (passant de AA à AA-), les marchés n’avaient pas bronché et le spread s’était même offert le petit luxe de baisser dans le courant de la journée. Le taux de rendement de la dette français s’affichait alors autour de 3,1 %.
Le programme du RN fait peur aux marchés
Ce nouvel écart entre les deux taux « illustre les craintes de détérioration de la qualité de crédit de la France par rapport à l’Allemagne et c’est lié au caractère dispendieux des mesures possibles d’un point de vue budgétaire » en cas de victoire du Rassemblement national en France, explique Lionel Melka, gérant de Swann Capital, à l’AFP.
Comme le détaillait Le HuffPost ici, le programme économique de Marine Le Pen en 2022 jugé trop coûteux, mal chiffré et non maîtrisé pour les finances publiques et la dette, inquiétait les économistes,
Depuis dimanche, de manière générale, la bourse réagit plutôt mal au séisme politique. Les marchés financiers n’aimant pas le flou, « les derniers événements créent de l’incertitude à un moment où les derniers résultats, économiques comme budgétaires, sont assez médiocres », expliquait également à l’AFP, Bruno Cavalier, chef économiste d’Oddo BHF. Après un décrochage de 2,37% à l’ouverture, l’indice CAC 40 a terminé en baisse de 1,35% lundi à la Bourse de Paris.
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