On vous résume les pistes d’économies envisagées par Bayrou en 2026 et qui vous concernent
ÉCONOMIE – François Bayrou et les 40 milliards, l’heure des comptes. Le Premier ministre a promis de présenter à la mi-juillet les grandes orientations du budget 2026 avec comme objectif de faire 40 milliards d’euros d’économie, sans augmenter les impôts. Un moment qui donnera le coup d’envoi d’une longue séquence qui devrait s’étirer jusqu’à l’hiver.
Si le paysage de la rentrée s’annonce déjà orageux pour le Palois, avec le risque d’une censure, pas de quoi empêcher une gesticulation à tous crins. L’exécutif et ses troupes multiplient les ballons d’essais dans une sorte de fièvre qui traduit aussi la fébrilité avec laquelle le gouvernement aborde la séquence budgétaire dans une Assemblée morcelée.
Le HuffPost fait le point sur ses sources d’économies envisagées et qui demanderont un « effort » à « tous les Français », comme l’exigeait François Bayrou.
· L’année blanche ou le gel budgétaire
L’année blanche est peut-être le levier le plus large dont dispose le gouvernement mais qui peut se révéler inflammable selon les contours qu’on lui donne. Il s’agit concrètement de reproduire le même budget qu’en 2025 sans tenir compte de l’inflation. Ce qui impliquerait potentiellement de ne pas revaloriser les retraites, les salaires des fonctionnaires, les prestations sociales, les dotations aux collectivités territoriales… Le tout permettant de faire entre 10 et 20 milliards d’économies.
La piste est diversement appréciée en Macronie et la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin redoublait de pirouettes ce mardi 10 juin face à Thomas Sotto sur RTL pour éviter de dire si oui ou non, il s’agissait d’une hypothèse sérieuse. Mais la ministre souligne toutefois qu’il s’agit moins du « combien » que du « comment », ce que soulève également le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. Ce dernier n’apparaît pas très emballé par cette idée. « Ce serait ce qu’on appelle un “one shot”. On le fait une fois et après, qu’est-ce que vous faites ? Alors que ce n’est pas en 2026 qu’il faut faire des efforts, c’est en 26, 27, 28, 29 et 30 au moins. Et pour cela il faut modifier les politiques publiques » , juge celui qui préconise plutôt des réformes structurelles.
· La TVA sociale ou la bronca annoncée
C’est François Bayrou lui-même qui a ressorti des placards ce serpent de mer sur lequel les politiques s’écharpent et s’achoppent depuis des années. La mesure consisterait à augmenter un peu la TVA sur les produits, en contrepartie d’une baisse des cotisations sociales patronales pour encourager les entreprises à augmenter les salaires. Le mécanisme consisterait alors à récupérer des recettes sur la consommation gagnée grâce à ces éventuelles hausses de salaire, et financer in fine un peu plus la sécurité sociale.
Une mesure défendue par le Medef qui, outre qu’elle ne permet pas de faire véritablement des économies, engendrera à coup sûr une motion de censure : le RN la voit comme une hausse d’impôts déguisée, alors que la gauche la juge injuste envers les plus démunis, pour lesquels la TVA pèse déjà lourd dans le panier de courses.
· Crédit d’impôt, niches fiscales, opérateurs de l’État
Vous sollicitez les services d’une personne pour faire le ménage chez vous ? Le gouvernement envisage de supprimer les avantages fiscaux liés aux services à la personne. Si Amélie de Montchalin a assuré que le gouvernement n’y toucherait pas pour la garde d’enfants ou l’accompagnement des personnes âgées, ce sont toutefois près de 26 métiers de services à la personne qui bénéficient de ce crédit d’impôts.
Dans un objectif d’économies, le gouvernement souhaite aussi fusionner et supprimer plusieurs opérateurs ou agences de l’État, à l’exception des universités, ce qui permettrait de dégager 2 à 3 milliards d’euros sur plusieurs années. Également dans son viseur, les niches fiscales jugées inutiles parmi les 467 dispositifs existants, pour quelque 85 milliards d’euros.
· Sécurité sociale et prise en charge des maladies chroniques
Selon les chiffres de la DREES, en 2021 près de 12 millions de Français souffraient d’une maladie chronique reconnue dans le cadre d’une l’affection longue durée (ALD). Alors que la Cour des comptes a alerté récemment sur la pente glissante du « trou de la Sécu », le ministre de la Santé Yannick Neuder a ouvert la porte sur la prise en charge à 100 % des ALD.
« Est-ce que c’est un gros mot de dire que par moments il faudra réévaluer l’affection longue durée, quand par exemple un patient est considéré en rémission complète ? », a interrogé le ministre sur LCP. Une piste délicate dans un contexte de vieillissement de la population, d’autant que les malades chroniques doivent aussi s’acquitter de leur poche certains frais.
Un rapport de l’Inspection générale des finances et de l’Inspection générale des affaires sociales dévoilé l’année dernière plaidait pour une « réforme structurelle ». Le texte pointait un dispositif inchangé depuis 1986 et peu contrôlé, et proposait des mesures pouvant générer 500 millions d’euros d’économies. Avant la dissolution, Gabriel Attal et Bruno Le Maire avaient à peine commencé à s’emparer du sujet avec de très grandes pincettes.
· Réduction du nombre de fonctionnaires
Tout comme la TVA sociale, la réduction de nombre de fonctionnaires, qu’Éric Lombard le patron de Bercy veut entamer, est une véritable antienne budgétaire. « L’année dernière, il y a eu une augmentation importante du nombre de fonctionnaires qui a participé au dérapage budgétaire », a assuré récemment le ministre de l’Économie. En 2023, la fonction publique comptait 62 000 agents de plus qu’en 2022 pour atteindre 5,8 millions d’agents.
Sans surprise cette piste met les syndicats, déjà en attente des conclusions du conclave sur les retraites, en ébullition. Il serait délicat pour le gouvernement dans le contexte actuel de cibler les personnels soignants ou le corps enseignants. Mais où faire ces coupes alors ? Comme sur le reste, le gouvernement ne donne pour le moment pas de précisions.