Peut-on vraiment parler de « lundi noir » après les droits de douane imposés par Trump ?
BOURSE – Un ton de chef de guerre. « Ne soyez pas faibles, ne soyez pas stupides », a lancé Donald Trump ce lundi 7 avril avant l’ouverture de Wall Street, espérant éviter une nouvelle dégringolade boursière. Depuis la décision du président américain d’imposer des droits de douane réciproques « au monde entier », l’ensemble des marchés financiers connaissent en effet des chutes spectaculaires.
En Europe, on a enregistré ce lundi 7 avril une baisse de 4,78 % à Paris, 4,64 % à Londres, et 4,13 % à Francfort. Des chiffres proches de ceux observés pendant le Covid. L’Asie a été encore plus durement frappée avec une chute de 13,22 % à Hong Kong, 7,34 % à Shanghai et 9,7 % à Taïwan. New York, de son côté, a assisté à de véritables montagnes russes boursières. Wall Street s’est ouvert avec des chiffres à la baisse, avant de passer dans le vert sur fond de spéculation autour d’une pause des droits de douane, puis une rechute après un démenti de la Maison Blanche.
Dans ce contexte, certains commentateurs économiques et une partie de la presse spécialisée parlent de « lundi noir », en référence à la chute boursière du 19 octobre 1987. « Si le président Trump ne fait rien et si l’Europe prend des mesures de rétorsion, les probabilités d’une répétition de la crise d’octobre 87 augmentent », a notamment mis en garde Jim Cramer, un animateur de la chaîne américaine CNBC, sur X.
« Panique »
Le lundi 19 octobre 1987 est considéré comme l’une des dates les plus traumatisantes de l’histoire économique américaine. Après un fort taux d’endettement et d’importantes fluctuations du dollar, la Bourse de New York a perdu ce jour-là 22,6 %. Il s’agit de la deuxième chute la plus importante de l’histoire, juste derrière le krach de la Bourse islandaise en 2008. L’expression « lundi noir », qui a été utilisée pour désigner cet évènement, tenait elle-même ses origines dans un autre krach qui a marqué l’histoire : le « jeudi noir » de 1929.
Pour Nicolas Chéron, stratégiste boursier, l’usage de cette expression ce 7 avril est loin d’être galvaudée. Le terme désigne « un moment où le marché connaît une chute historique, avec des baisses supérieures à 10 %, parce que les opérateurs paniquent et vendent leurs actions à n’importe quel prix. Dans le même temps, le nombre d’acheteurs devient très limité », détaille-t-il au HuffPost.
Alors que les indices ont baissé considérablement et dans un délai « particulièrement rapide », « nous assistons bien à lundi noir », assure le spécialiste. « Les annonces de Donald Trump sur les droits de douane laissent entendre que le commerce international pourrait se gripper et éventuellement provoquer un ralentissement économique, ce que craignent les opérateurs boursiers », décrypte-t-il.
Un endiguement possible
Quelles conséquences peut avoir une telle chute des marchés financiers pour les consommateurs ? « Aucune à court terme », explique Nicolas Chéron. En revanche, si cette baisse s’étendait sur plusieurs semaines voire plusieurs mois, « on pourrait assister à un gel des embauches et des investissements dans les entreprises, une hausse du chômage et une baisse de la croissance », avertit l’expert.
D’après le spécialiste, il est encore possible que cette baisse de la bourse soit endiguée. L’une des pistes, au moins pour la Bourse de New York, serait « une baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine (FED) », que Donald Trump a lui-même appelé de ses vœux.
Autre solution : l’ouverture des négociations entre les États-Unis et les pays visés par les droits de douane. Le locataire de la Maison Blanche s’y est dit favorable ce lundi pour tous les pays qui l’ont demandé, à l’exception de la Chine. « Cela permettrait de calmer la panique et pourrait même faire rebondir les indices boursiers », analyse Nicolas Chéron.
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