Pour sauver les finances publiques, Bayrou veut faire travailler plus les Français
POLITIQUE – « L’excès de dépenses publiques ne fait pas le bonheur des citoyens », mais le travail si. Il y a eu des constats, des principes, des voies d’ascension, et les premières esquisses de solutions. François Bayrou a lancé ce mardi 15 avril sa grande conférence sur les finances publiques, avec pour objectif d’informer les Français sur la gravité de la situation budgétaire alors que 40 milliards d’euros d’économies doivent être trouvés pour le budget 2026. Et une promesse inspirée du philosophe Henri Bergson : « la vérité permet d’agir ».
Pour ce tour de table, le Premier ministre avait convoqué ses premiers de cordée : Eric Lombard (Économie), Amélie de Montchalin (Compte publics), Catherine Vautrin (Santé et Travail), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail) et François Rebsamen (Aménagement du territoire). Tous ont pris la parole.
Bien sûr, dans les « quatre voies d’ascension » fixées par le Premier ministre, il a bien été question d’une remise à plat de la dépense publique avec un passage en revue des missions et des dépenses de toutes les administrations, d’une indépendance de la défense, d’une simplification aussi des processus administratifs pour faciliter la vie des entreprises, d’une évaluation du modèle social face à une démographie vieillissante… Mais le fil rouge de ce premier rendez-vous a été la question du travail et de l’emploi.
« Rien n’est une fatalité »
« Si notre production par habitant était dans la même gamme que celle de nos voisins européens, nous n’aurions plus de déficit budgétaire » a déroulé François Bayrou, enchaînant les diapositives soulignant des différences notables avec le voisin allemand ou les pays de l’OCDE. Et le Palois d’avertir : « Nous ne travaillons pas assez ».
Une antienne que se sont chargés de reprendre les ministres qui ont ensuite pris la parole. Que ce soit Amélie de Montchalin évoquant la « hausse incontrôlée » des arrêts maladies depuis le Covid, ou Catherine Vautrin sur la nécessité « de repenser un modèle social ».
« Ce qui menace le contrat social, c’est que les ressources reposent principalement sur le travail dans un contexte de stagnation de la population active (…) Notre système de santé qui repose sur la solidarité intergénérationnelle montre que le taux d’emploi des seniors, comme celui des plus jeunes, reste plus faible », a déroulé la ministre de la Santé et du Travail tout en prévenant : « Rien n’est une fatalité ».
Un droit du travail « très protecteur »
Et de fait, c’est à sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet qu’a été laissée la charge de livrer les premières pistes. D’abord avec un semblant de douceur en évoquant notamment le besoin de renforcer la formation et l’orientation puisque « nous sommes en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE pour lire, écrire, compter et résoudre des problèmes ». En questionnant les moyens « puisque 150 000 femmes quittent durablement le monde du travail chaque année faute de mode de garde ». En questionnant les conditions de travail puisque « la durée des arrêts maladie a augmenté depuis le Covid ». Mais la tonalité est restée inchangée : « il faut augmenter le nombre de personnes qui travaillent (…) il faut travailler davantage et mieux ».
De quoi ouvrir assez largement la porte à d’autres réformes sur le temps légal de travail voire le chômage ou la retraite, comme l’évoquaient déjà lundi plusieurs personnalités du socle commun ? Sera-t-il question de toucher aussi à la protection des travailleurs ? Évoquant un droit du travail « très protecteur » , « qui peut freiner les embauches », Astrid Panosyan-Bouvet a posé l’impératif de trouver « le bon équilibre pour concilier performance économique et performance sociale ».
En posant tous ces constats — juré promis a dit Bayrou « ce ne sont pas des opinions, tous ces chiffres sont vérifiables »— l’exécutif n’a eu de cesse de louer sa méthode de concertation, notamment avec les partenaires sociaux. Mais pour discuter, encore faut-il être d’accord sur le constat. Et ça, c’est une « vérité » qui reste à démontrer.
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