Economia

Pourquoi Biden et Harris vont attaquer Trump sur son terrain dans un discours commun

ÉTATS-UNIS – Un quatre mains qui doit être joué sans fausses notes. Le président démocrate sortant Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris, qui l’a remplacé pour la course à la Maison Blanche, se rendent ce jeudi 15 août, à 19 h 30 à Paris, dans le Maryland, près de Washington, pour une journée consacrée à l’économie.

Un dossier sur lequel les deux dirigeants se savent très attendus. Le pouvoir d’achat, avant même l’immigration, est le critère numéro 1 qui influence le vote d’un Américain, expliquait fin mai au HuffPost Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos et spécialiste des opinions politiques. Ainsi, la « santé économique » du pays au moment de l’élection de novembre peut faire pencher la balance du côté démocrate si elle est bonne, mais du côté républicain si elle est mauvaise.

Une « baisse historique du prix des médicaments » annoncée

Kamala Harris, qui a profité de l’effet surprise de sa candidature pour décoller dans les sondages, ne veut pas perdre son avance sur Donald Trump. Mais celle qui a moins de trois mois pour convaincre les Américains, n’a jusqu’ici livré quasiment aucun détail sur sa feuille de route pour la Maison Blanche.

C’est pourquoi, avant même d’atterrir à Washington D.C., le président et la vice-présidente ont mis les pieds dans le plat. Dans un communiqué conjoint publié ce jeudi matin, ils annoncent une baisse « historique » du prix de dix médicaments contre le diabète, les caillots sanguins ou les troubles cardiaques. Cette avancée fait suite à des mois de négociations entre le système fédéral d’assurance-santé des seniors, appelé « Medicare », et les laboratoires.

La mesure doit permettre dès la première année, en 2026, d’économiser 1,5 milliard de dollars pour les assurés concernés, des Américains de plus de 65 ans, et 6 milliards de dollars pour les contribuables, selon la Maison Blanche. C’est indéniablement une annonce importante, alors que les prix onéreux des médicaments américains échappent historiquement à toute régulation ou contrôle public.

Un plan « pour réduire les coûts » à destination de la classe moyenne

Mais c’est aussi une victoire majeure dont Joe Biden aurait pu s’attribuer seul le mérite, puisqu’elle découle de l’une de ses lois phare, appelée « Inflation Reduction Act », un plan d’investissements pharaonique portant sur la transition énergétique et le pouvoir d’achat.

Après cette annonce surprise, qui sera suivie d’une prise de parole sur le pouvoir d’achat dans le Maryland, Kamala Harris s’envolera vendredi en direction de la Caroline du Nord, où elle a promis un discours « axé sur son plan pour réduire les coûts pour les familles de la classe moyenne ».

Cette courte escale a aussi pour objectif de tenir tête à Donald Trump, qui s’est rendu en meeting dans l’État conservateur mercredi, critiquant justement le bilan économique des démocrates. « Durant près de quatre ans, Kamala n’a fait que de se marrer, tandis que l’économie américaine s’enfonçait dans la crise », a lancé le candidat républicain, accusant la vice-présidente de Joe Biden d’avoir « jeté des milliards de dollars par la fenêtre ».

Trump se moque des démocrates et lance des promesses à tout-va

« Votez Trump et vos revenus augmenteront, vos économies aussi », a-t-il encore promis à ses partisans réunis à Asheville, une ville d’artistes et de randonneurs, pourtant connue pour être un bastion progressiste des Appalaches.

« Votre budget essence va chuter, tout comme vos factures de climatisation et de chauffage », a aussi assuré l’ancien président promettant de réduire les prix de l’électricité et de l’énergie de « moitié » en un an. « Je cherche un boulot », a-t-il même blagué mercredi, alors que le taux de chômage a franchi de nouveau la barre des 4 % en juin.

Ces accusations sorties du chapeau de Donald Trump sont récurrentes depuis des années, mais l’ex-président républicain sait qu’elles lui permettent de gagner des points auprès des électeurs indécis. Et des déçus de Joe Biden.

L’inflation baisse, de bon augure pour le duo Harris-Biden

Toutefois cette année, les démocrates peuvent sortir les griffes : le bilan économique tourne plutôt à leur avantage avant le début de la rentrée de septembre. Après un rebond début 2024, l’inflation poursuit son ralentissement au mois de juillet, à 2,9 % sur un an, selon l’indice CPI, sur lequel est notamment indexée la retraite des Américains. Il s’agit de son plus bas niveau depuis mars 2021.

L’évolution des prix des biens est la principale raison de la baisse, avec en particulier un recul des prix des véhicules neufs et d’occasion et, dans une moindre mesure, de l’habillement et des carburants.

Dans un communiqué publié mercredi, Joe Biden s’est d’ailleurs félicité des « progrès » réalisés pour « lutter contre l’inflation », soulignant que « nous avons encore du travail pour réduire les coûts pour les travailleurs américains mais nous faisons de réels progrès, avec les salaires augmentant plus vite que les prix sur les 17 derniers mois ».

Miser sur moins d’impôts, dont celui sur les pourboires

Si le sentiment que l’inflation est bien sur le chemin pour revenir progressivement vers la cible de 2 % à long terme fixée par la banque centrale américaine, l’activité économique américaine montre en revanche des signes clairs de ralentissement et le chômage est en légère hausse en juillet.

Le bilan économique du mandat Biden-Harris n’est donc pas parfait, mais ils peuvent aussi s’attaquer aux mesures économiques prises par Trump lors de son investiture. Dès fin 2017, le républicain a misé sur une réforme fiscale pour baisser drastiquement les impôts, ciblant surtout ceux de riches. Cette baisse des recettes fiscales a eu pour corollaire une augmentation de la dette et du déficit budgétaire, rappelle La Tribune. Et pendant le Covid, le déficit a même grimpé à un niveau historique en 2020, à 3 000 milliards de dollars.

Il s’agira donc pour le duo démocrate de frapper là où ça fait mal à son adversaire, tout en parlant aux Américains des mesures qui concernent leur porte-monnaie. Par exemple, Kamala Harris pourrait insister sur la suppression des impôts sur les pourboires. Tout comme Donald Trump, la démocrate mise beaucoup sur cette mesure à visée électorale, qui, si elle est mise en place, devrait cependant gonfler encore le déficit budgétaire. Mais pour séduire, il faut parfois choisir, et sortir le chéquier a toujours réussi aux politiques qui l’ont expérimenté.

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.