Pourquoi ce sont les banques qui plongent le plus après la démission de Lecornu
ÉCONOMIE – L’annonce de la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu a eu un impact immédiat sur les banques ce lundi 6 octobre, très sensibles au risque sur la dette française.
Ainsi vers 15h50, BNP Paribas baissait de 2,95%, Société Générale de 3,74% et Crédit Agricole de 2,99%, trois banques dont le cours avait baissé jusqu’à 6,2 % en milieu de matinée. À la même heure, le CAC 40 lâchait lui 1,17 % après avoir perdu plus de 2 % juste après l’annonce de Matignon, moins de 24 heures après la présentation d’une nouvelle équipe gouvernementale.
La chute soudaine des banques est à « 100 % attribuable à cette décision politique », a indiqué à l’AFP Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marché chez IG France.
Cette démission surprise « reflète l’instabilité politique croissante en France et accroît encore le risque de paralysie politique », commente pour sa part Thomas Gillet, analyste principal pour la France chez Scope Ratings.
« Effet domino »
Pour Antoine Andreani, qui dirige la recherche chez XTB France, « les investisseurs craignent un effet domino sur la politique économique et budgétaire », alors que se pose la question d’une dissolution de l’Assemblée nationale.
Conséquence aggravante de cette incertitude, le coût auquel la France emprunte a grimpé, au-dessus de celui de l’Italie et s’éloignant davantage de celui de l’Allemagne, qui fait référence en Europe. Le rendement de l’emprunt français à dix ans est monté à un plus haut depuis mars, à 3,61 % après l’annonce, avant de se stabiliser à 3,57 % ce lundi vers 14h.
Le « spread », ou l’écart entre les taux d’emprunt français et allemand sur les marchés, a quant à lui atteint 89 points de base, soit 0,89 point de pourcentage, « un niveau correspondant aux moments de tension maximale », selon les analystes français de Saxo.
Si l’écart entre le rendement de la dette française à 10 ans et son équivalent allemand se maintient à ce niveau, il s’agirait de la plus forte différence depuis janvier.
« Si on avait encore des interrogations sur la dégradation de la note française par les agences de notation, désormais on n’a plus de doute », commente encore John Plassard, analyste de Cité Gestion Private Bank.



