Economia

Quand Margot Robbie expliquait dans son bain ce principe que Bruxelles veut changer

ÉCONOMIE – Deux ans après avoir vu sa popularité exploser dans Le Loup de Wall Street, Margot Robbie offrait aux fanas de Hollywood et d’économie une nouvelle scène d’anthologie. Plongée dans un bain moussant, celle qui incarnerait quelques années plus tard la Barbie de Greta Gerwig, racontait, coupe de champagne à la main et avec force de pédagogie et d’impertinence, le principe des subprimes qui ont causé la crise bancaire mondiale de 2008.

« Dès qu’on vous dit subprimes, traduisez : merde », lançait l’actrice de The Big Short dans un regard caméra que vous pouvez retrouver sur la séquence ci-dessous. Un terme que n’a pas vraiment retenu la Commission européenne pour dévoiler ce mardi 17 juin son grand plan de relance de la titrisation, et notamment un allégement des règles strictes mises en place après 2008.

Comme l’a expliqué Maria Luis Albuquerque, la commissaire européenne aux Services financiers l’idée est de « générer des financements supplémentaires pour les ménages et les entreprises de l’UE, y compris les PME ».

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La titrisation pour rappel c’est le fait pour les banques de faire fructifier des actifs peu liquides, comme les crédits. Résultat, elles les transforment en produit (titre, obligation) sur le marché financier et les vendent à des investisseurs. De quoi partager le risque lié au crédit et générer des liquidités, mais aussi de repousser les limites des volumes de prêts bancaires qu’elles peuvent accorder.

C’est ce qui s’est passé en 2008. Le mécanisme d’abord sain s’est enraillé quand les banques, comme le signale Margot Robbie, se sont retrouvées à court de « prêts sains » : « Le nombre de maisons comme de gens avec un boulot pour les acheter est limité, n’est-ce pas ? ».

Elles ont alors commencé à intégrer dans ces obligations des prêts de plus en plus risqués, les fameux « subprimes ». À l’époque, les crédits immobiliers, même aux ménages à revenus faibles et quasi insolvables, sont encouragés dans un contexte de frénésie immobilière. Résultat, il y a près de 17 ans, quand des centaines de milliers de ménages se sont retrouvés en défaut de paiement, la crise financière a éclaté.

Bruxelles réfute tout cadeau aux banques

Mais du côté européen on réfute tout parallèle avec la « merde » qu’évoque Margot Robbie dans son bain. « Il est totalement trompeur de caractériser la proposition européenne avec les yeux du film ’The Big Short’. L’histoire européenne a toujours été très différente, beaucoup plus stable », insiste un haut fonctionnaire de la Commission toujours auprès des Échos.

Cela fait en réalité un moment que les banques européennes réclament un assouplissement des règles de titrisation, et Mario Draghi y poussait également dans son rapport rendu à l’automne dernier. Si le marché de la titrisation a repris avec vigueur aux États-Unis après la crise, en Europe il n’a jamais retrouvé son niveau pré-2008 et demeure bien en dessous. Dès novembre dernier, l’économiste Jézabel Couppey-Soubeyran mettait en garde dans une tribune dans Le Monde sur un allégement des règles, y voyant surtout le « risque de rééditer le passé plutôt que de financer l’avenir ».

Bruxelles assure que des garde-fous seront toujours en place et évoque des améliorations plutôt qu’un véritable changement de cadre, « sans mettre en péril la stabilité financière, la protection des investisseurs, la transparence et l’intégrité du marché ». La commission se défend par ailleurs de tout cadeau aux banques, assurant qu’en les rendant « plus efficientes », cela bénéficiera « à ceux qui sont financés par elles, donc presque tout le monde en Europe ».