Qu’est-ce que cette « année blanche » qui pourrait peser gros sur le budget 2026 ?
ÉCONOMIE – À Bercy, la température de l’automne pourrait se révéler bien au-dessous des normales de saison. Alors que François Bayrou a promis de présenter mi-juillet les grandes orientations de son budget 2026, pour lequel il a besoin de trouver 40 milliards d’économie, les ballons d’essai se multiplient de toutes parts dans le socle commun.
Si le Premier ministre avait évoqué la semaine dernière la possibilité d’une TVA sociale, le député EPR Mathieu Lefèvre particulièrement en pointe sur le sujet des finances publiques a remis sur la table, ce dimanche dans La Tribune, la proposition d’une année blanche, aussi appelée gel budgétaire.
La proposition peut paraître presque simple et sans encombre sur le papier : il s’agit de repartir sur le même budget que l’année précédente, sans l’adapter à l’inflation, et donc concrètement figer le budget de tous les ministères mais aussi par exemple des dotations aux collectivités.
L’avantage ? Un levier large et de quoi aussi présenter une mesure forte aux observateurs internationaux. Si la commission européenne a suspendu mercredi la procédure engagée contre la France pour déficit budgétaire excessif, le FMI était lui moins optimiste la semaine dernière. Côté finances, contrairement à la TVA sociale où il s’agit de baisser des cotisations patronales afin d’augmenter les salaires et donc de faire rentrer des recettes via la consommation, les économies seraient directes et substantielles.
Une mesure potentiellement explosive
Selon les diverses estimations, le gel des budgets pourrait rapporter en brut d’une quinzaine à 25 milliards d’euros l’an prochain, précise le quotidien Les Échos. Mais comme avec toutes mesures d’économie, le diable se cache dans les détails… Car pour aller jusqu’à 25 milliards, il faudra geler les dépenses de l’assurance maladie ainsi que les prestations sociales (et donc le RSA, l’allocation adulte handicapé…). Ce qui revient in fine à les baisser.
Le gouvernement entend-il également toucher à la piste explosive des revalorisations des pensions de retraite ? Le prédécesseur de François Bayrou en a fait l’amère expérience en décembre dernier. Après avoir proposé notamment une désindexation partielle des retraites sur l’inflation, Michel Barnier a vu son gouvernement chuter sur une motion de censure.
Il n’est pas dit que le RN soit plus tendre puisqu’un gel du barème des impôts constituerait de fait une augmentation, hors cela constitue pour les troupes lepénistes une ligne rouge. Sans compter que les collectivités locales, qui n’ont guère apprécié être pointées du doigt ces derniers mois, que ce soit par Bruno Le Maire ou la Cour des comptes, seront au cœur des élections municipales de 2026.
Pour l’instant le gouvernement temporise. « C’est beaucoup trop tôt pour faire la moindre annonce », tempérait Catherine Vautrin, la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités ce week-end. Ni oui, ni non, répond Bercy sollicité par L’Opinion. Attention à ne pas créer les conditions « d’une rentréed’une rentrée sociale tonitruante », mettait aussi en garde fin mai, Laurent Marcangeli le ministre de l’Action publique, alors que les fonctionnaires se retrouveraient de fait privés d’augmentation en cas d’année blanche. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard martelait lui ce matin qu’il « n’y aura pas d’augmentation d’impôts d’ensemble ».