Toucher à l’assurance chômage pour faire des économies ne convainc pas les Français – EXCLUSIF
POLITIQUE – Mauvaise réponse. En pleine réflexion pour réduire le déficit public, qui a grimpé à 5,5 % du PIB en 2023 – au-dessus des estimations de Bercy –, le gouvernement de Gabriel Attal n’a pour l’instant dévoilé qu’une seule piste : modifier les règles de l’assurance chômage. Une stratégie qui, en plus de faire l’unanimité contre elle dans l’opposition, ne convainc pas les Français, selon le sondage YouGov réalisé pour Le HuffPost.
Dans cette enquête, les Français se montrent avant tout très réservés sur la confiance accordée au gouvernement pour assainir les comptes publics. Ils ne sont que 23 % à faire confiance en les capacités de Gabriel Attal et de ses ministres pour trouver des solutions, et 65 % à faire part de leur défiance.
Pour autant, la question les préoccupe : 74 % des sondés estiment « important » que la France tienne ses engagements sur la réduction du déficit. Malgré la mauvaise surprise sur l’année 2023, Gabriel Attal a maintenu son objectif de 3 % du PIB à l’horizon 2027.
Même chez les sympathisants macronistes, l’idée ne fait pas le plein
Alors comment faire ? À ce stade, le gouvernement n’a officialisé qu’une seule réponse : une nouvelle réforme de l’assurance chômage qu’il espère voir entrer en vigueur d’ici l’automne. Les contours en restent très flous à ce stade, avec possibilité de raccourcir la durée d’indemnisation, son niveau ou encore les conditions d’accès.
Mais pour les Français sondés par YouGov, la solution est ailleurs. Interrogés sur le secteur à mettre à contribution pour trouver des sources d’économies, ils sont 52 % à citer la lutte contre la fraude fiscale et sociale. Une piste qui arrive très loin devant les autres propositions : toucher à la fiscalité et les aides des entreprises (13 %), aux impôts des particuliers (6 %) ou aux retraites (5 %).
Une réforme de l’assurance chômage ne récolte la faveur que de 7 % des sondés. Fait notable : même les sympathisants de la majorité présidentielle s’y montrent peu favorables (11 %) et ils sont bien plus nombreux, dans les rangs macronistes (59 %), à plaider pour que l’accent soit mis sur la fraude fiscale et sociale.
Taxation des rentes et année blanche pour les retraites ?
Fin mars, le Premier ministre s’était félicité de résultats « historiques » dans la lutte contre la fraude fiscale, en annonçant des mises en recouvrement à hauteur de 15,2 milliards d’euros. Mais le chiffre avait été rapidement contesté au vu du mode de calcul utilisé par l’exécutif.
Dans un entretien à La Tribune du Dimanche ce 7 avril, le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave a de nouveau évoqué la taxation des rentes sur laquelle travaille une « task force » d’élus de la majorité. « Certains veulent que l’on ponctionne les profits, notamment chez les énergéticiens, d’autres préconisent de taxer les rachats d’actions. Beaucoup d’idées se sont exprimées », assure-t-il. « Quand il y a une rente de situation, qu’une partie de cette rente revienne dans le budget de l’État ça paraît assez logique », abonde sur France Info Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance à l’Assemblée, sans s’avancer sur le secteur des entreprises potentiellement visées à l’exception des énergéticiens.
Autre « piste » évoquée par le chef du groupe Renaissance ce dimanche : le gel de l’augmentation des pensions de retraite et des prestations sociales sur une année blanche. « Nous avons une situation économique difficile (…) et il faut donc que nous adaptions nos dépenses, comme n’importe quel ménage. L’État doit faire attention à ses dépenses et donc nous travaillons sur plusieurs pistes », a reconnu Sylvain Maillard.
Cette enquête a été réalisée sur 1 016 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France du 2 au 5 avril 2024.
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