Trop « alarmistes » : pourquoi la Cour des comptes épingle les Restos du cœur
ÉCONOMIE – Trop de prudence ? En 2023, les Restos du cœur auraient pu puiser davantage dans leurs réserves plutôt que de faire appel à la générosité du public et de l’État pour assurer sa survie, estime la Cour des comptes dans un rapport, publié ce jeudi 19 juin.
L’association d’aide aux démunis aurait pu « mobiliser de façon plus significative » ses « réserves de précaution pour absorber une partie des aléas » économiques et sociaux « avant de solliciter le concours du public et surtout le soutien des pouvoirs publics », indique la synthèse du rapport.
Début septembre 2023, les Restos du cœur avaient tiré la sonnette d’alarme, avertissant de leur fragilité financière et lançant un appel exceptionnel aux dons.
Pour la première fois, l’association fondée par Coluche en 1985 n’était plus en mesure de faire face à l’afflux de personnes se présentant à eux, dans un contexte de hausse des coûts de fonctionnement en raison de l’inflation.
Une « rigoureuse précaution », répondent les Restos du cœur
Les projections réalisées à l’époque par les Restos du cœur, faisaient état « d’un déficit cumulé potentiel de 250 millions d’euros sur trois ans », elles « présentaient un caractère alarmiste en raison d’hypothèses excessivement prudentes », selon la Cour des comptes.
Or, « c’est sur cette base que les pouvoirs publics ont renforcé leur aide », ce qui, avec la mobilisation des donateurs, « a conduit au maintien d’un niveau de réserves confortable, correspondant à six mois de fonctionnement ».
Sollicités par l’AFP, les Restos du cœur, qui ont distribué 163 millions de repas lors de la campagne 2023-2024, estiment, eux, que « conserver en permanence » les fonds nécessaires à « plusieurs mois de fonctionnement » relève d’une « rigoureuse précaution ». « Nous devons être à même de continuer à remplir notre engagement auprès des personnes accueillies dans des périodes de tensions ».
La Cour des comptes, qui souligne par ailleurs la bonne gestion des Restos, recommande à l’État de « veiller au calibrage du montant des subventions à l’association au regard de ses réserves de précaution ».