Politique

À l’Assemblée, Renaissance conditionne le cordon sanitaire face au RN à l’éviction de LFI

POLITIQUE – Le retour du « ni-ni ». Après avoir fait front face au Rassemblement national au second tour des élections législatives, le camp présidentiel s’apprête à construire un nouveau barrage cette semaine à l’Assemblée nationale, construction qui n’existait pas deux ans plus tôt.

À partir de ce jeudi 18 juillet, les députés retournent aux urnes pour élire le président ou la présidente de l’Assemblée nationale, mais aussi les vice-présidents, questeurs, secrétaires et présidents de commissions. Des postes très convoités et dont l’attribution avait déjà provoqué des remous au début de la précédente législature, marquée par l’arrivée de 89 députés RN dans l’hémicycle. Le parti lepéniste avait notamment obtenu deux vice-présidences de l’Assemblée nationale, confiées à Sébastien Chenu et Hélène Laporte, contribuant ainsi à l’objectif de « normalisation » poursuivi par l’extrême droite.

LFI à nouveau dans le même panier que le RN

En réunion de groupe ce lundi 15 juillet, Gabriel Attal, Premier ministre en sursis fraîchement élu à la tête du groupe « Ensemble pour la République », a acté avec ses troupes une stratégie commune pour les jours cruciaux à venir. Selon les informations de LCP, confirmées par Le Parisien et franceinfo, le camp présidentiel s’opposera à l’accès du RN et de LFI aux postes-clés de l’Assemblée. « Il a été décidé ce matin à la quasi-unanimité du groupe qu’on ne prendrait pas part au vote en cas de candidatures RN ou LFI pour les élections internes », rapporte ainsi un participant au Figaro.

L’idée : ne pas reproduire l’erreur du 19 juin 2022, quand les élus Renaissance avaient contribué à l’élection de Sébastien Chenu et Hélène Laporte à ces fonctions prestigieuses. Un positionnement qui s’accommode mal du front républicain et que la gauche n’a eu de cesse de critiquer durant la précédente législature.

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Cette fois-ci, ce pourra donc être sans les voix des macronistes que la gauche et l’extrême droite batailleront pour ces postes, le tout dans un flou artistique lié à une majorité inexistante. En optant pour l’abstention en cas de candidature insoumise ou issue du Rassemblement national, les députés macronistes pourraient ainsi plaider la neutralité, tout en travaillant à nouveau à mettre « les deux extrêmes » dans le même panier… et à torpiller un peu plus l’unité – déjà plus que fragile – du Nouveau Front Populaire.

Et si l’abstention est une opposition qui ne dit pas son nom, les députés tenteront aussi d’échapper au procès qui leur sera fait de ne pas respecter la tradition. Selon le règlement de l’Assemblée nationale, les postes de vice-présidents, de questeurs et de secrétaires, doivent en effet être répartis « entre les groupes à la représentation proportionnelle sur la base de leurs effectifs respectifs ».

La gauche fustige la stratégie macroniste

À gauche, les élus pointent l’incohérence et l’opportunisme de l’attitude macroniste. « Leur “ ni-ni” est un crachat à la figure de la République » , s’insurge le député du Nouveau Front Populaire Benjamin Lucas, qui rappelle au bon souvenir des députés macronistes que c’est « grâce aux désistements des candidats de tout le NFP, donc de LFI, qu’ils sont là. » « Les voix LFI du front républicain contre le RN ne leur ont posé aucun problème », s’indigne la sénatrice écologiste Mélanie Vogel. Quelle indécence ! ».

Pour rappel, Gabriel Attal n’avait pas explicitement exclu LFI de l’équation du front républicain lors de l’entre-deux-tours des législatives, à l’inverse de son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Adopter cette position aujourd’hui permet au chef du gouvernement de préserver la cohésion de son groupe, tout en refusant de banaliser le RN.

En 2022, c’est le prestigieux poste de président de la Commission des Finances qui avait cristallisé les tensions. Réservée à l’opposition – une tradition qui n’a pas été entravée depuis 2007 – l’élection avait vu s’affronter les candidatures du député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy et celle de l’Insoumis de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel, tous deux se réclamant à l’époque du premier groupe d’opposition. Cette fois-ci, la bataille s’annonce d’autant plus rude que les contours de l’opposition sont encore plus flous.

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