Politique

À l’issue du second tour, cinq scénarios possibles à l’Assemblée

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POLITIQUE – Plutôt gros bloc majoritaire ou petit bloc majoritaire ? « Grande coalition » ou chacun chez soi ? Le second tour des législatives du 7 juillet se rapproche et les intentions de vote dessinent de nouveaux scénarios possibles à l’Assemblée nationale. Sans qu’aucun ne fasse figure de favori à ce stade.

Un Premier ministre issu d’un parti rival du président de la République, c’est le principe de la cohabitation, expérimentée trois fois sous la Ve République : deux sous la présidence de François Mitterrand en 1986 et 1993 et une sous celle de Jacques Chirac en 1997. Selon les résultats du 7 juillet, la France pourrait connaître sa quatrième à l’issue des législatives anticipées. À quoi pourrait-elle ressembler ? Tour d’horizons des possibles.

· Majorité absolue au RN, la cohabitation frontale

C’est l’option qui donne des sueurs froides au camp d’Emmanuel Macron : 289 députés ou plus pour le Rassemblement national, soit une majorité absolue dans l’hémicycle. Dans ce cas de figure, Jordan Bardella a toutes les chances d’être nommé Premier ministre, dans un schéma de cohabitation classique avec une majorité législative qui s’inscrit en opposition totale à la politique menée jusqu’alors par président de la République. Fort de cette majorité, Jordan Bardella sera relativement à l’aise pour dérouler le programme de son parti – dans les limites de sa faisabilité du point de vue du droit européen et constitutionnel.

· Majorité relative du Nouveau Front Populaire

Deuxième scénario : l’alliance des gauches s’impose dans les urnes, pas suffisamment pour obtenir 289 députés (les scores du premier tour excluent cette possibilité), mais assez pour devenir le groupe le plus important de l’Assemblée nationale. Une majorité relative qui ferait du PS, du PCF, de LFI et des Écologistes les plus légitimes pour proposer un nom pour Matignon. Pas n’importe quel nom. La gauche devra impérativement en proposer un qui fasse consensus en interne et surtout, qui soit suffisamment consensuel pour que les macronistes acceptent (même tacitement) de voter la confiance et de s’abstenir en cas de dépôt d’une motion de censure. Sans les voix de la gauche et celle de Renaissance et leurs alliés, les élus Rassemblement national ou Les Républicains ne seraient en effet pas en mesure de faire tomber le gouvernement.

· Majorité nulle part et gouvernement technique

Troisième scénario possible : celui d’une Assemblée nationale sans aucun bloc majoritaire. Dans ce cas-là, Emmanuel Macron pourrait choisir de nommer un gouvernement technique composé de ministres issus de bords divers, peu marqués politiquement et choisis pour leur domaine d’expertise. Avec à leur tête, une personnalité qui fasse consensus et pas forcément issus du monde politique. Ce gouvernement technique limiterait un blocage du pays, en permettant par exemple de continuer à faire passer les projets de loi essentiels, comme le budget à l’automne (même si le recours au 49.3 ou des ordonnances sont aussi possibles). La France n’a jamais connu de gouvernement de ce type. Contrairement à l’Italie où le dernier exemple récent n’est autre que Mario Draghi entre 2021 et 2022.

Au-delà de ces trois scénarios explicités plus en détail dans la vidéo en tête d’article, deux sont apparus plus clairement dans cet entre-deux tours.

· Majorité relative du RN

Dans la carte électorale remaniée de l’entre-deux tours, avec des désistements pour faire barrage contre l’extrême droite, l’option d’un Rassemblement national sans majorité absolue mais avec majorité relative fait partie des possibles. Aucun des trois sondages publiés depuis le dépôt des candidatures (dont un Toluna Harris Interactive pour M6, RTL et Challenges), ne place désormais le RN à plus de 250 sièges, en baisse par rapport aux projections du soir du premier tour.

Le RN disposerait alors du plus gros groupe de députés dans l’hémicycle et pourrait proposer un nom de Premier ministre. Mais il devra impérativement réussir à nouer des alliances – les députés proches d’Éric Ciotti ne suffisant pas- pour éviter que son Premier ministre soit renversé à la faveur du vote de confiance ou d’une motion de censure. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les troupes de Marine Le Pen et Jordan Bardella soufflent le chaud et le froid sur les conditions d’une entrée à Matignon.

· La « grande coalition »

Reste l’éventualité d’une « grande coalition », évoquée par des responsables politiques de tous bords. L’idée : constituer une « assemblée plurielle » selon les termes de Gabriel Attal avec « différentes forces politiques ». Ce qui permettrait, sur le papier, le passage de davantage de texte de lois qu’un gouvernement purement technique.

Ce scénario comporte néanmoins plusieurs inconnues. D’une part, les composantes de cette coalition. Dans le camp présidentiel, des voix s’élèvent pour qu’elle aille « des LR aux écologistes et aux communistes ». Mais avec ou sans LFI ? À l’issue du conseil des ministres du 3 juillet, Gabriel Attal et Emmanuel Macron ont exclu le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Les insoumis avaient de toute façon déjà fermé la porte à cette idée, contrairement à d’autres voix à gauche moins catégoriques.

Deuxième inconnue : la prise en compte de cette coalition dans la formation du gouvernement. Le dernier exemple de gouvernement français à s’en rapprocher remonte à la fin de la IV République, après les législatives de 1944. Depuis, cette pratique courant dans les pays européens est demeurée étrangère à la France.

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