Politique

À Mayotte, cet arrêté limite l’achat de tôles pour stopper la reconstruction des bidonvilles

MAYOTTE – Mettre des battons dans les roues des Mahorais. La préfecture de Mayotte a annoncé ce vendredi 3 janvier prendre un arrêté visant à restreindre la vente de « tôles bac acier » aux professionnels et aux particuliers uniquement sur « présentation d’un justificatif d’identité et d’un justificatif de domicile », a repéré Mayotte La 1ère.

L’objectif : empêcher la reconstruction des bidonvilles par la population précaire, souvent sans papiers, comme le souhaite le Premier ministre François Bayrou.

« Protéger les Mahoraises et les Mahorais »

Pour justifier cet arrêté qui entrera en application dès ce samedi, le préfet de Mayotte écrit dans le communiqué ci-dessous : « cette mesure vise à protéger les Mahoraises et les Mahorais, alors que lors du passage du cyclone Chido, les constructions et clôtures en tôle ont été détruites et les tôles ont constitué des projectiles, occasionnant un risque pour la vie humaine et la sécurité des biens et des personnes. »

Dans son plan « Mayotte debout », présenté en Conseil des ministres la semaine prochaine, François Bayrou s’est engagé à « interdire et empêcher la reconstruction » des bidonvilles à Mayotte, détruits par le cyclone. Le Premier ministre n’a en revanche pas précisé où leurs habitants, un tiers de la population, seraient relogés.

Habitats encore plus précaires

Sur le terrain, près de trois semaines après le passage du cyclone, les bidonvilles réapparaissent déjà, notamment dans le quartier de cases de Cavani Sud, s’étalant sur des kilomètres à flanc de colline, en Grande-Terre, ont observé des journalistes de l’AFP.

Et par manque de matériaux solides, pour pouvoir édifier un toit dans l’urgence, le système D est poussé à son paroxysme, rendant encore plus précaires et dangereuses ces habitations. Ainsi, la maison que rebâtit Soubira Attoumani avec son frère à Cavani Sud est « moins résistante que celle qui était là avant », soupire l’homme de 41 ans. Il désigne les tôles en patchwork : « Vous voyez la différence de couleur ? Certaines étaient celles d’origine, d’autres ont été récupérées, d’autres achetées ».

Pour Abdou Ansoirdine aussi, « c’était mieux avant, quand c’était neuf ». Le boulanger confie avoir dépensé 400 euros pour racheter « 27 tôles » mais avoir dû se rabattre sur « de la récupération, à gauche, à droite, pour le reste ». Avec cet arrêté, l’achat de tôles neuves va être rendu plus difficile et les bidonvilles risquent d’être encore plus vulnérables aux cyclones.

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