À New York, Emmanuel Macron commence sa nouvelle vie devant l’ONU
POLITIQUE – Fugue américaine, deuxième tome. Emmanuel Macron est arrivé aux États-Unis mardi 24 septembre en début de soirée (heure française) pour son premier déplacement hors des frontières hexagonales depuis la nomination de Michel Barnier à Matignon et la naissance d’une nouvelle ère politique en France.
Fini la dissolution ratée, les turpitudes politiques, et l’exécutif fragile : le chef de l’État retrouve pour un temps son terrain favori, la scène internationale. Un « domaine réservé » selon la formule, et effectivement épargné dans la nouvelle architecture gouvernementale avec les nominations de deux membres du camp présidentiel aux ministères des Armées et des Affaires internationales.
Pour cause, Emmanuel Macron – qui a perdu une part non négligeable de pouvoir et d’influence en France – compte bien cultiver ce précarré à sa main. Sans doute plus encore que ces dernières années… Comme le montre son escapade aux États-Unis, puis au Canada cette semaine.
Macron le diplomate
Invité chaque année à s’exprimer à la tribune des Nations unis pour son Assemblée générale, Emmanuel Macron n’avait pas fait le déplacement en 2023, laissant à la cheffe de la Diplomatie à l’époque, Catherine Colonna, le soin de s’exprimer en son nom. Pas question cette fois-ci de laisser sa place et de louper cette occasion de rappeler sa vision « multilatérale » des relations internationales.
« On est quand même à un point au sein de la communauté internationale où il faut recréer des points de convergence. C’est ce à quoi le président de la République va s’attacher », résume son entourage en marge du déplacement. Pile dans les habits qu’il souhaite endosser.
Concrètement, en plus de son discours à la tribune (mercredi soir à 20 heures), dans lequel il devrait rappeler que « le droit international s’applique partout et à tous, sur tous les terrains de conflit », en Ukraine comme à Gaza, Emmanuel Macron va multiplier les échanges bilatéraux avec ses homologues et autres rendez-vous informels.
Après un sommet sur la Démocratie mardi soir, avec le président brésilien Lula et le premier ministre espagnol Pedro Sanchez, il va par exemple réunir, mercredi, plusieurs dirigeants signataires de son Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète. « L’occasion », nous dit encore la présidence, « de marquer tout son engagement sur un grand nombre de dossiers qui permettent de recréer du lien dans la communauté internationale », comme « la protection de la planète et des océans. »
Un VRP contrarié ?
Ce n’est pas tout. Emmanuel Macron emporte avec lui son deuxième costume favori, celui de « VRP de l’attractivité française », selon la formule de l’Élysée. En plus de ses rendez-vous diplomatiques, le chef de l’État va s’entretenir avec une « dizaine » d’investisseurs américains à New York, puis canadiens à Ottawa, en fin de semaine.
Le but ? Vanter son « agenda pro business » et encourager les entreprises à placer leurs billes en France, dans le sillage des sommets « Choose France. » Il aura « l’occasion de réexpliquer toutes les réformes qui ont été menées depuis 2017, qui ont permis à la France d’être le pays le plus attractif d’Europe pour la cinquième année consécutive », résume encore son entourage.
Reste qu’au-delà de ce discours, l’ambition du président de la République, même à l’international, pourrait se heurter… À la situation politique en France. Difficile, effectivement, de porter un message puissant auprès de ses homologues quand on est aussi affaibli dans son pays. C’est d’ailleurs ce que montre l’épisode « Thierry Breton », le commissaire français poussé vers la sortie par la cheffe de l’exécutif européen Ursula von der Leyen, sans grandes protestations du côté de Paris.
Une mission d’autant plus délicate qu’Emmanuel Macron conserve certes l’initiative sur les enjeux internationaux. Mais il l’a perdue (en partie) sur les questions économiques. Dès lors, comment vanter l’attractivité du pays quand le gouvernement français envisage de rompre avec la doctrine fiscale macroniste, censée justement, nourrir cette attractivité ? Comment rassurer les acteurs économiques alors que la France est en proie à une instabilité politique qui, d’ordinaire, effraie les marchés ? En somme, et alors qu’il est lui-même à l’origine de cette situation périlleuse, comment éviter que la fugue se mue en fuite en avant.
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