« Adieux pitoyables » : Les oppositions tombent sur Bayrou après sa dernière interview
POLITIQUE – « Je tends la main à tout le monde », a déclaré le Premier ministre à l’adresse des oppositions. Mais pas sûre qu’elles la serrent. François Bayrou a une nouvelle fois défendu ses choix budgétaires dimanche 31 août, n’entendant pas dire « au revoir » aux Français, comme l’y invitent la gauche et le RN, pressés de tourner la page de son gouvernement à la faveur du vote de confiance du 8 septembre.
« Si le gouvernement tombe, comme (les oppositions) le souhaitent, (…) ça veut dire qu’on changera de politique », a martelé François Bayrou en début d’entretien. Il a aussi déploré la politique « plus laxiste » que souhaitent mettre en place, selon lui, les autres partis.
Dans ses attaques, le Premier ministre s’en est pris particulièrement à la gauche, en balayant notamment les pistes budgétaires du Parti socialiste. Les roses, « volontaires » pour lui succéder à Matignon, ont notamment proposé samedi de réduire le déficit de 21,7 milliards d’euros en 2026, environ deux fois moins que les 44 milliards. « Ça veut dire qu’on ne fait rien » pour réduire la dette, a fustigé le Premier ministre lors de cette interview avec les quatre chaînes d’information.
« Vivement le vote du 8 septembre ! »
C’est un euphémisme de dire que le Premier ministre n’a pas su convaincre avec son ton combatif et ses piques. Dès les premières minutes son intervention, la gauche lui est tombée dessus. Tout comme le Rassemblement national.
« Pathétique et crépusculaire », a ainsi cinglé le patron du PS, Olivier Faure. Alors que François Bayrou a affirmé que le socialiste n’était pas « disponible » pour parler du budget pendant ses vacances, Olivier Faure dément sur X (ex-Twitter) : « je suis parti 10 jours, j’ai toujours été joignable et je suis rentré en Seine-et-Marne le 30 juillet. »
Les élus de gauche se sont également moqués de la petite phrase du Premier ministre selon laquelle « si le gouvernement tombe, on changera de politique ». L’Insoumise Manon Aubry parle même du « seul moment de lucidité » du chef du gouvernement dans cette interview.
Marine Tondelier des Verts soupire : « premières 20 minutes extrêmement laborieuses et confuses de François Bayrou…C’est même pénible à regarder ». Et ajoute : « Je ne regrette pas que Les Écologistes aient décliné le rendez-vous de François Bayrou à Matignon, car j’en ai assez entendu ce soir pour toute la semaine à venir. »
Le porte-parole des sénateurs PS Rachid Temal pense pareil : « Bayrou cela devient pathétique et gênant. » Avant de s’exclamer sur X : « Vivement le vote du 8 septembre ! »
Porte ouverte aux chefs de parti ce lundi
« Est-il possible d’arrêter de raconter que ce sont les générations futures qui vont payer la dette ? », s’indigne également Clémentine Autain, députée NFP de Seine-Saint-Denis. Elle poursuit sur X que ce sont « les classes populaires qui vont payer tout de suite par les coupes budgétaires qui s’abattent sur les protections sociales et les services publics. »
Sans surprise, les réactions sont tout aussi critiques à l’extrême droite, du côté du Rassemblement national. « On a vu un mélange d’adieu pitoyable, il a compris que c’était fini. Il va profiter de ses derniers moments d’interview avec le syndrome Dalida pour mourir sur scène », a ainsi fustigé le porte-parole Laurent Jacobelli dimanche soir sur BFMTV, à l’unisson des cadres du parti. Sébastien Chenu évoque par exemple un Premier ministre « naufragé, au bout du rouleau. »
Le RN devrait se rendre aux rendez-vous convoqués par François Bayrou à partir de ce lundi à Matignon, tandis que plusieurs forces de gauche ont déjà indiqué qu’elles ne répondront pas présentes. Le chef de l’État, quant à lui, va sans doute devoir dans l’immédiat se mettre en quête d’un nouveau Premier ministre. Les noms de Catherine Vautrin, Sébastien Lecornu, Gérald Darmanin ou Xavier Bertrand circulent à nouveau.



