Politique

Après la condamnation de Sarkozy, droite et extrême droite s’acharnent sur la justice

POLITIQUE – Les jugements, c’est comme les chasseurs. Il y a les bons, et les mauvais. Pour toute une partie du spectre politique, qui va de la droite à l’extrême droite, celui qui s’est abattu sur Nicolas Sarkozy ce jeudi 25 septembre appartient clairement à la seconde catégorie. Et alors que c’est bien l’ex-chef de l’État qui a été jugé coupable d’association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen, c’est l’institution judiciaire qui se retrouve sur le banc des accusés.

Première à dégainer : Marine Le Pen. La cheffe de file du Rassemblement national a quasi réagi en direct sur son compte X, en dénonçant (de façon intéressée) la sévérité de la peine infligée à l’ancien président de la République. « Au-delà de la personne de l’ancien président Nicolas Sarkozy, la négation du double degré de juridiction par la voie de la généralisation de l’exécution provisoire par certaines juridictions représente un grand danger, au regard des grands principes de notre droit, au premier rang desquels se trouve la présomption d’innocence », a réagi celle dont la peine consécutive à sa condamnation pour détournement de fonds publics fait (aussi) l’objet d’une exécution provisoire.

Une façon pour la présidente du groupe RN à l’Assemblée de plaider sa propre cause à travers celle de l’ex-chef de l’État, et d’entretenir le mythe d’une justice politisée souhaitant nuire à certaines personnalités politiques. C’est d’ailleurs à travers ce prisme conspirationniste que ses troupes commentent l’affaire. « Je le dis avec force : la justice est politique dans ce pays ! », s’enflamme par exemple sur le même réseau social le député RN Frédéric Falcon.

La « grâce présidentielle » demandée chez LR

« Ce traitement exceptionnel, que rien ne justifie, dit tout de ce jugement politique », a renchéri l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy, par ailleurs vice-président des Républicains. Sénateur LR des Bouches-du-Rhône, Stéphane Le Rudulier a dénoncé quant à lui un « un tsunami de honte », et appelé Emmanuel Macron à gracier le condamné qui, d’ici un mois, dormira en prison jusqu’à la tenue de son procès en appel.

Habituellement prompt à dénoncer le « laxisme » de la justice, le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti a quant à lui déploré une peine « extrêmement sévère ». À noter que la critique de cette décision de justice s’exerce aussi du côté du bloc central. Ex-LR ayant rejoint Renaissance, le président de la région Paca Renaud Muselier s’est fendu d’un communiqué particulièrement courroucé. « Un ancien Président de la République envoyé en prison, pour un délit qui n’est pas qualifié, sur la base d’un média qui a fait un faux caractérisé ! Après quinze ans de procédure, le discrédit de la classe politique par les voies judiciaires, pose un vrai problème démocratique ! Pendant ce temps, des centaines de délinquants et des OQTF restent libres sur notre territoire ! », s’emporte-t-il, avant d’ajouter : « je dois me maîtriser pour ne pas me faire submerger par un sentiment d’injustice trop fort ». Sur le plan médiatique, les médias du groupe Bolloré sont en boucle sur le « scandale » que constitue à leurs yeux ce dénouement judiciaire.

Contrairement à ce que les détracteurs de l’institution judiciaire affirment, le dossier, qui a fait l’objet d’une instruction longue de dix ans, est loin d’être vide. Le tribunal reproche à Nicolas Sarkozy des « faits d’une gravité exceptionnelle de nature à altérer la confiance des citoyens en ceux qui les représentent » caractérisant le délit d’association de malfaiteurs, conformément à l’article 450-1 du Code pénal. Plus précisément, la justice accuse l’ex-chef de l’État d’avoir laissé ses collaborateurs agir en son nom auprès des autorités libyennes dans l’objectif d’obtenir des fonds frauduleux. Au moment des faits, entre 2005 et 2007, Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur. Son directeur de cabinet de l’époque, Claude Guéant, a lui été jugé coupable de corruption passive et de faux en écriture dans ce même dossier.

Pour l’heure, Gérald Darmanin, pourtant garant de l’indépendance de la justice en sa qualité de Garde des sceaux, n’a pas réagi.