Après le drame de Nantes, des voix s’élèvent pour mieux prendre en compte la santé mentale des lycéens
SANTÉ MENTALE – Au lendemain de l’attaque meurtrière qui s’est déroulée dans un collège et lycée privé de la ville de Nantes (Loire-Atlantique), les enquêteurs vont tenter de cerner les motivations de l’auteur présumé, un adolescent de 16 ans qui a été hospitalisé jeudi soir après un examen psychiatrique.
Selon les premiers éléments de l’enquête, les faits se sont déroulés jeudi 24 avril vers 12h30. Justin P., scolarisé à Notre-Dame de Toutes-Aides, aurait fait irruption dans l’établissement et a poignardé plusieurs élèves. L’une d’entre elles est décédée, trois autres ont été blessés, dont un en urgence absolue.
Si les motivations du jeune suspect, présenté par ses camarades de classe comme « dépressif », et ayant déjà manifesté des « tendances suicidaires » restent encore inconnues, ce nouveau drame au cœur d’un établissement scolaire est, pour certains spécialistes de l’éducation et responsables politiques, une nouvelle preuve que les jeunes vont mal. Lors d’une déclaration dans la soirée reprise par franceinfo, la maire PS de Nantes Johanna Rolland considère qu’il y a « des questions à se poser » sur « la santé mentale de la jeunesse de ce pays ».
La « souffrance psychique des jeunes » évoquée
Un avis que partage Bruno Bobkiewicz. Invité ce vendredi 25 avril sur franceinfo, le secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN) considère que ce drame est davantage « une question de santé mentale » que de sécurité. « On constate, depuis le Covid, une augmentation importante du nombre de jeunes qui vont mal. Il faudrait travailler davantage cette question, renforcer les pôles médico-sociaux et évidemment faire en sorte que déjà, a minima, les postes de psychologues soient pourvus, ce qui n’est pas le cas », a estimé le secrétaire général du SNPDEN.
De son côté, l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre alerte aussi dans un communiqué sur « la souffrance psychique des jeunes ». Il y a « un mal-être de plus en plus présent chez nos adolescents », a développé sa présidente Hélène Laubignat sur RTL ce vendredi matin, avant d’appeler « tous les parents à être vigilants à la santé mentale de leurs enfants ».
Interrogée par l’AFP, Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du syndicat CFDT éducation, appelle également à faire « attention à la santé » mentale des jeunes, rappelant qu’elle a été décrétée grande cause nationale 2025 par le gouvernement Bayrou.
Interrogée en marge de son déplacement à l’Université Paris-Saclay (Essonne) ce vendredi, Élisabeth Borne a elle aussi déclaré que « ce drame met en lumière les enjeux de santé mentale ». « C’est la grande cause cette année et c’est pour moi une priorité. Je pense aussi qu’il faut que l’on comprenne comment un jeune peut commettre un acte de ce type, mais surtout que l’on soit mieux armés pour prévenir, pour orienté, pour repérer des jeunes en difficulté », a ajouté la ministre de l’Éducation nationale.
Une « société d’ensauvagement » selon Bruno Retailleau
Des avis qui tranchent avec celui qu’a exprimé hier Bruno Retailleau. En déplacement dans la soirée de jeudi à Nantes avec Élisabeth Borne, le ministre de l’Intérieur a de son côté pointé du doigt une « société d’ensauvagement » et une « barbarie qui touche désormais les plus jeunes ».
Une sortie qui a fait réagir Manon Aubry. « Bruno Retailleau se comporte comme un vautour, et je n’ai pas envie d’être un vautour ce matin », a déclaré ce vendredi sur franceinfo l’eurodéputée de La France Insoumise. Avant d’ajouter : « Je pense qu’on est au moment du recueillement, d’unité nationale autour de ces jeunes. Il y a manifestement un problème psychiatrique, psychologique pour ce jeune. Et je sais qu’on a des difficultés à repérer les adolescents à la dérive dans les enceintes scolaires. »
« Ce n’est pas un ensauvagement comme le dit Bruno Retailleau, c’est juste que nos enfants ne vont pas bien », a abondé Sandrine Rousseau dans la matinale de Sud Radio. « Derrière les couteaux, il faut voir les enfants. Les enfants en France vont très mal. »
Peu avant d’attaquer ses camarades au couteau, le suspect Justin P. a envoyé aux élèves un courriel sombre et confus consulté par l’AFP. Il y évoque notamment « la mondialisation (qui) a transformé notre système en une machine à décomposer l’humain », revendiquant une « révolte biologique » afin que « l’équilibre naturel, même cruel » reprenne « sa place » contre « l’écocide globalisé ». Mais auprès du Monde, une source « proche du dossier » souligne les difficultés à comprendre les motivations de ce passage à l’acte. « Il y a plein de choses contradictoires. Le registre du dépit amoureux a été évoqué, il y a aussi les gribouillis relevant de l’idéologie nazie et un casque découvert sur les lieux du drame avec des inscriptions néonazies. Et puis il y a le manifeste qui revêt une autre connotation mêlant destruction de la planète et montée du totalitarisme. Pour l’instant, on n’y voit pas clair du tout. »
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