Politique

Après le meurtre dans le Var, l’avocat de la victime pointe le « climat politique » actuel

FAITS-DIVERS – Pour la première fois depuis le crime raciste qui a coûté la vie à un homme de nationalité tunisienne dans le Var samedi 31 mai, l’avocat de la famille de la victime, Me Mourad Battikh, a pris la parole ce mardi 3 juin sur France Info, dénonçant le « climat politique » présent en France.

Le meurtre d’Hichem Miraoui, coiffeur de 45 ans, « est le fruit d’une atmosphère qui existe dans le pays depuis maintenant quelques mois, quelques années, et qui se durcit chaque jour un peu plus », a-t-il regretté.

Interrogé sur la prise de parole du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau – qui a affirmé que « chaque acte raciste est un acte antifrançais » – Me Mourad Battikh a dénoncé une attitude de « pompiers pyromanes qui viennent éteindre le feu qu’ils ont eux-mêmes allumé ». « Je ne fais pas une fixation sur Bruno Retailleau en personne. Néanmoins, personne n’est dupe sur le contexte et le climat politique qui règne aujourd’hui en France », a-t-il poursuivi.

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« Je crois qu’il n’y a heureusement pas de banalisation de la violence raciste, parce qu’on a un État qui se mobilise contre toutes les formes de haine, et qui ne trie pas, ne hiérarchise pas », a répondu auprès de France Info la ministre déléguée en charge de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé, tout en admettant que « des discours de haine se sont diffusés et propagés ».

Samedi 31 mai, un Français de 53 ans a tiré à plusieurs reprises sur son voisin de nationalité tunisienne dans le Var, à Puget-sur-Argens. Ce dernier a perdu la vie, malgré l’intervention des secours, après avoir été touché par cinq impacts de balles. Une seconde victime de nationalité turque a également été blessée.

« Tout sauf un fait divers »

Peu avant le passage à l’acte, l’assaillant présumé avait publié une vidéo sur les réseaux sociaux où il affirmait qu’il s’apprêtait à s’en prendre à des étrangers. Il est poursuivi pour meurtre et tentative de meurtre à caractère raciste. Le Parquet national antiterroriste a annoncé lundi se saisir de l’enquête.

« C’est tout sauf un fait divers. On est face à une idéologie, on est face à une préméditation. On est face à un individu qui n’a probablement pas agi seul, ou en tout cas pas agi seulement sous le coup d’une impulsion », a réagi l’avocat.

Me Mourad Battikh est également l’avocat de la famille d’Aboubakar Cissé, jeune homme malien tué dans l’enceinte de la mosquée de la Grand Combes, dans le Gard, par un homme ayant lui aussi affirmé sur les réseaux vouloir s’en prendre à des étrangers. « J’avais dit au Parquet national antiterroriste : “attention ce n’est pas un cas isolé, ce n’est pas un fait divers, ce qui se passe est le fruit de quelque chose de plus large qui est en train de nous dépasser” », rappelle Mourad Battikh. « Aujourd’hui, malheureusement, les faits me donnent raison », ajoute-t-il. Dans cette affaire, en dépit de demandes de l’avocat, le PNAT ne s’était pas saisi. « Le ciblage en raison de la race et de la religion n’est pas un critère suffisant », avait fait valoir la procureure de la République de Nîmes en charge du dossier tout en démentant toute « relativisation de la gravité des faits commis ».