Après le retrait de Tubiana, quelles options reste-t-il au NFP ?
POLITIQUE – Flou sur flou. Une semaine après le renoncement d’Huguette Bello, la présidente de la région Réunion soutenue par la France insoumise mais bloquée par le Parti socialiste, Laurence Tubiana a annoncé ce lundi 22 juillet se retirer de la course à Matignon. Plébiscitée par le PS mais critiquée par les mélenchonistes, la diplomate du climat constate que son profil ne fait pas consensus.
Pour la gauche, c’est un nouveau raté retentissant. Deux semaines après sa première place aux élections législatives, le Nouveau Front populaire continue de revendiquer le pouvoir, mais ne montre aucun signe de concorde, tant sur le profil de son éventuel chef de gouvernement, tant sur la ligne politique à adopter pour se maintenir (un peu) aux affaires.
Pire, les tensions et désaccords se multiplient entre les partenaires sur des sujets de fond, comme sur la méthode de désignation de son chef de file pour Matignon. De quoi épaissir le flou autour du devenir de cette alliance, qui plus est à l’heure où la droite de Laurent Wauquiez envoie des signes à la Macronie pour une entente cordiale.
Trois nouveaux noms
De fait, les négociations entre socialistes, écologistes, communistes et insoumis sont au point mort. Après la bataille pour les postes stratégiques en fin de semaines dernières à l’Assemblée nationale, les dirigeants de la gauche ont repris contact pour discuter de Matignon, samedi 20 juillet, selon le récit de plusieurs médias. Ils doivent de nouveaux s’entretenir ce lundi.
Au cours d’un de ces derniers contacts, plusieurs nouveaux noms ont été mis sur la table, dont ceux de la directrice générale d’Oxfam France et ancienne ministre Cécile Duflot, de l’ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon et du chef des députés communistes André Chassaigne, déjà candidat malheureux à la présidence de l’Assemblée nationale. Si les trois ne semblent pas susciter de veto, pour l’heure, cette partie de « qui est-ce » à rebondissements entretient une impression de cafouillage ou d’improvisation.
Dans Le Monde, les deux premiers prétendants cités l’avouent à demi-mot : ils sont encore loin des négociations, et à peine au courant que leur nom circule. « Je ne parle plus de politique », réplique par exemple Cécile Duflot en invoquant ses « carottes à éplucher » pour couper court à la conversation. Rien de très probant, donc.
D’autant que pour l’heure ces nouveaux profils ne règlent pas les divisions stratégiques qui parcourent le Nouveau Front populaire. Quand le PS, le PCF et les écolos expliquent en substance qu’il faut partir des propositions du NFP pour essayer de trouver des compromis et arracher des victoires au Parlement, les insoumis se font intransigeants sur « le programme, tout le programme, rien que le programme. » Au risque de former un gouvernement très fragile à l’Assemblée.
Mardi 23 juillet, une date-clé
Les dissensions sont également tenaces sur le calendrier et le mode de désignation du prétendant pour Matignon. Pour solder les divisions, les socialistes plaidaient pour un vote de tous les députés du NFP au plus tard mardi 23 juillet, entre les différents prétendants (qui ne le sont plus, en ce qui concerne Laurence Tubiana). Pour une partie de l’alliance il faut désormais accélérer le pas et éviter de perdre en crédibilité.
Jean-Luc Mélenchon, lui, souffle le chaud et le froid. « Toutes les discussions prennent un peu de temps, là ça va », a par exemple plaidé le triple candidat à la présidentielle, vendredi sur BFMTV, avant de donner l’impression de se ranger derrière l’agenda des socialistes : « Le 23 nous devons être tombés d’accord, puisque le PS, qui décide de quand les choses s’arrêtent ou quand elles commencent, a fixé la date du 23. » Reste que son mouvement continue de s’opposer à une désignation par le vote, qui affaiblirait selon eux le futur gagnant. Les insoumis préfèrent la méthode du consensus, aussi dur soit-il à trouver.
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Il n’empêche, plus le temps passe, plus nuages s’amoncellent au-dessus de l’alliance des gauches. Alors que les discussions patinent pour Matignon, les mots se font plus rudes, sur les réseaux sociaux, ou dans les déclarations publiques interposées.
« Être Macron compatible c’est plus grave ou moins grave que d’être Hamas-compatible ? », a par exemple répliqué la sénatrice socialiste Laurence Rossignol à la députée insoumise Ersilia Soudais qui critiquait, sur X, Laurence Tubiana et son profil trop modéré à ses yeux. Sans parler du député mélenchoniste Thomas Portes et la colère qu’il a provoquée en assurant que les sportifs israéliens ne sont « pas les bienvenus » aux Jeux olympiques. Dès lors, difficile d’envisager une photo de famille unie dans les prochains jours, quelles que soient les options finalement arrêtées.
Dans ce contexte, le camp présidentiel regarde, voire attise, les dissensions à gauche avec gourmandise, en espérant tirer son épingle du jeu. Après son alliance de circonstance avec Laurent Wauquiez pour reconduire Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale, la macronie ne manquera pas de se tourner vers Les Républicains et leur « pacte législatif » proposé ce samedi. Si ce n’est pas la première pierre d’une alliance pour Matignon, cela pourrait ressembler à la dernière brique de l’impasse dans lequel se trouve le NFP.
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