Après son entrevue à Matignon, Marine Le Pen ménage (déjà) François Bayrou
POLITIQUE – On sait toujours qui l’on quitte, jamais qui l’on gagne. En renversant le gouvernement de Michel Barnier, les députés agissaient un peu à l’aveugle, sans savoir qui serait nommé pour le remplacer. La pièce pouvait tomber d’un côté comme de l’autre. En sortant de Matignon, où elle était reçue ce lundi 16 décembre en compagnie de Jordan Bardella, Marine Le Pen a semblé rassurée de trouver un nouveau Premier ministre loin de lui être hostile. « Monsieur Bayrou nous a exprimé le souhait que l’ensemble des députés soit traité de manière égale, que chaque force politique soit entendue et respectée », s’est réjoui l’ex-candidate à l’élection présidentielle devant les caméras.
Opération réussie pour le RN, désireux de se débarrasser de ses habits de paria après le barrage républicain opéré contre lui au second tour des élections législatives ? « J’ai été écoutée », se félicite en tout cas Marine Le Pen, qui affirme toutefois qu’il est « trop tôt pour dire si nous avons été entendus ». « Je suis trop expérimentée pour être rassurée par une conversation, j’ai besoin d’être rassurée par des actes », a-t-elle poursuivi, énumérant les trois chantiers sur lesquels le nouveau Premier ministre est attendu au tournant par son parti : « problèmes de pouvoir d’achat, crise sécuritaire et modes de scrutin ».
Sur ce point, elle se montre optimiste : « Le Premier ministre est attaché à la proportionnelle ». Le patron du Modem milite depuis des années pour l’introduction d’une dose de proportionnelle aux élections législatives. Comme Marine Le Pen.
« Méthode plus positive »
Le ton a changé. Il était beaucoup plus ferme vis-à-vis de Michel Barnier, avec qui Marine Le Pen semblait constamment être dans un rapport de force. « Il avait fini par consulter l’ensemble des partis politiques, mais extrêmement tardivement et semble-t-il contraint », cogne-t-elle. Elle reproche à l’ancien négociateur du Brexit d’avoir reçu les forces politiques « tout en leur disant qu’il ne tiendra pas compte de leur avis ». « Cela a eu comme conséquence la censure ».
À l’inverse, avec François Bayrou, la députée du Pas-de-Calais salue « une méthode plus positive » et se dit convaincue qu’elle sera de nouveau reçue prochainement, puisque François Bayrou, a-t-elle compris, « souhaite par principe avoir des rendez-vous relativement réguliers » avec les groupes présents à l’Assemblée nationale.
On comprend donc mieux pourquoi le RN n’entend pas censurer le Premier ministre « a priori ». Ce lundi matin, Marine Le Pen et François Bayrou sont restés 1h15 enfermés dans les bureaux de Matignon. Gabriel Attal, convoqué juste après la leader d’extrême droite, a dû patienter dans un vestibule. Il y a six mois, c’est lui qui occupait les lieux. Le temps passe vite.
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