Après son ralliement au RN, Ciotti fâché d’être classé « union de l’extrême droite »
POLITIQUE – Qui aurait pu prédire ? Dans un communiqué diffusé ce jeudi 20 juin, le président contesté des Républicains, Éric Ciotti, s’offusque de la classification de ses candidats aux élections législatives par le ministère de l’Intérieur après son alliance avec le Rassemblement national.
L’autorité administrative désigne en effet les candidats investis par les « Amis de Ciotti », soit les 63 candidats que le député des Alpes-Maritimes a négociés avec le parti lepéniste, en « Union de l’extrême droite ». Une classification qui fait bondir celui qui a fait exploser sa famille politique. Pour s’offusquer, Éric Ciotti n’hésite pas à utiliser le registre conspirationniste, dénonçant une « une basse manœuvre de la macronie visant à déstabiliser nos candidats et nos électeurs ».
« Ambivalence de traitement »
Soit un complot hourdi depuis la place Beauvau, une « manipulation grossière orchestrée par le ministère de l’Intérieur » qui « constitue un scandale démocratique d’une gravité inédite », selon lui. Celui que beaucoup imaginent briguer le maroquin de Gérald Darmanin cible l’actuel ministre de l’Intérieur et pointe l’alliance du Front populaire, simplement désignée « union de la gauche » en dépit de la représentation (infinitésimale) du NPA via la candidature de Philippe Poutou.
« Cette ambivalence de traitement est flagrante : d’un côté, les Français patriotes sont injustement étiquetés, et de l’autre, une extrême gauche séditieuse, factieuse et antisémite bénéficie d’une terminologie bien plus douce », s’offusque (un brin caricatural) Éric Ciotti, qui demande à Gérald Darmanin « une rectification immédiate de cette classification ».
Mais pourquoi les candidats qui ont rejoint les « Amis d’Éric Ciotti » sont-ils désignés ainsi ? Premièrement, parce que Les Républicains, qui présentent leurs propres candidats aux élections législatives via leur commission d’investiture, continuent de bénéficier de l’étiquette « LR » dans le classement fait par la place Beauvau.
Une désignation abusive ?
Autre élément d’explication, la présence de candidats classés à droite qui se présentent sous une autre bannière que LR et que celle des « Amis d’Éric Ciotti », comme Véronique Louwagie, Jean Lassalle et Sébastien Huyghe qui sont classés « divers droite » (DVD). Quant aux candidats directement investis par le parti lepéniste, ils sont logiquement classés sous le sigle « RN ». Seule curiosité, l’ex-député UMP Jacques Myard. Candidat dans le cadre de l’alliance entre Éric Ciotti et le RN, il reste désigné en « DVD ».
Reste alors le fond. L’étiquette « Union de l’extrême droite » est-elle vraiment abusive ? Si on se penche, comme Le Monde l’a fait, sur le profil des 63 candidats investis dans le cadre de cette alliance, pas vraiment, puisque cet assemblage hétéroclite embarque notamment des anciens membres de Reconquête ou des proches de Marion Maréchal. On pourra aussi citer en exemple Louis-Joseph Pecher (de son vrai nom Louis-Joseph Gannat), épinglé pour ses tweets antisémites et homophobes, pourtant investi par les « Amis d’Éric Ciotti ». Face à la polémique, le député des Alpes-Maritimes a dû lui retirer son soutien, sans possibilité de lui retirer l’investiture. Ainsi va la vie dans l’union des extrêmes droites.
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