Après son tweet sur Marine Le Pen, Gérald Darmanin épinglé pour son mépris de la loi
POLITIQUE – Il y a des soutiens plus étonnants que d’autres. Dans la foulée de l’annonce des réquisitions visant Marine Le Pen dans l’affaire des assistants du RN (pour laquelle le procureur a requis une peine d’inéligibilité de cinq ans avec « exécution provisoire »), l’ensemble du parti d’extrême droite a entonné son refrain favori, celui d’une justice « politique » aux ordres visant uniquement à empêcher la députée du Pas-de-Calais de se porter candidate à la présidentielle de 2027.
Plus inhabituel, l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est lui aussi monté au créneau. « Il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et, ainsi, ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français », a-t-il écrit sur le réseau social X, dérogeant au passage au principe de la séparation des pouvoirs. « Combattre Madame Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs. Si le tribunal juge qu’elle doit être condamnée, elle ne peut l’être électoralement, sans l’expression du peuple », a-t-il poursuivi, validant donc la thèse d’une justice partiale défendue par le Rassemblement national.
Automaticité
« N’ayons pas peur de la démocratie et évitons de creuser, encore plus, la différence entre les “élites” et l’immense majorité de nos concitoyens », insiste le député du Nord, qui estime donc qu’un verdict devrait tenir compte de considérations électorales. Or, sitôt publié, son tweet a fait l’objet d’une note des utilisateurs du réseau social. L’objet ? Rappeler à Gérald Darmanin une évidence juridique. Plus précisément l’article 131-26-2 du Code pénal, selon lequel la peine d’inéligibilité est « obligatoire à l’encontre de toute personne coupable d’un délit mentionné II du présent article ». Et parmi les cas où l’automaticité de cette peine s’applique : le détournement de fonds publics, soit précisément ce dont est accusée Marine Le Pen.
Plus gênant pour l’ancien ministre de l’Intérieur, cette disposition a été instaurée par la loi Sapin 2 « relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique » et entrée en vigueur en 2016. Ce qui implique que ce ne sont pas les magistrats qui décident, in fine, de l’inéligibilité de Marine Le Pen, mais une loi, par ailleurs votée par le Parlement (c’est-à-dire la représentation nationale) à une époque où Gérald Darmanin siégeait lui-même comme député. Sans surprise, cette prise de position a provoqué une avalanche de réactions, notamment à gauche, mais pas seulement. « Gros clin d’œil gênant de celui qui feint de plaindre celle dont il rêve de récupérer l’électorat. Au passage une grosse entorse au principe de séparation des pouvoirs et l’accusation implicite d’une justice politique. Joli combo », a déploré le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
Ancien mentor du député du Nord, le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a également fusillé Gérald Darmanin en direct sur RTL. « Il n’aurait pas dû dire ça, surtout un ancien ministre de l’Intérieur », a-t-il fustigé, avant de rappeler une banalité : « la loi existe, elle s’applique à tous, y compris à madame Le Pen ».
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