Politique

Attal, Bardella et Bompard tournent en rond dans un débat crispé à 5 jours des législatives

POLITIQUE – Un autre match nul. Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard ont croisé le fer mardi 25 juin au soir sur TF1 pour le premier débat organisé entre les têtes d’affiche des trois grands blocs qui s’opposent au premier tour des élections législatives.

Le trio a échangé pendant presque deux heures dans un climat crispé, souvent tendu, notamment entre le président du Rassemblement national, dont le parti caracole en tête dans les sondages, et le chef du gouvernement, dont la famille politique est à la peine depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.

Avec le coordinateur de la France insoumise, représentant du Nouveau Front populaire, les trois sont restés dans leurs propres couloirs de nage, laissant apparaître le gouffre qui sépare leurs camps. Comme depuis le début de la campagne, le Premier ministre Gabriel Attal a essayé d’incarner le champ de la raison face aux « extrêmes. » En face, Manuel Bompard et Jordan Bardella ont tous deux promis de « tourner la page du macronisme », à leur manière.

Escarmouches convenues

Résultat : des joutes verbales relativement convenues. Le chef du gouvernement s’est échiné à présenter son programme en opposition avec ceux de ses contradicteurs, le poussant à lâcher ses coups tantôt contre l’extrême droite, tantôt contre la gauche. De toute façon, les deux conduiraient selon lui à « un matraquage fiscal assumé d’un côté ou dissimulé de l’autre », a-t-il résumé dans sa conclusion, en s’engageant une nouvelle fois à ne pas augmenter les impôts en cas de victoire le 7 juillet. Une sorte de variante du « moi ou le chaos » développé par le camp présidentiel depuis le début de la campagne.

Plus précisément, Gabriel Attal a multiplié les attaques sur le programme du Nouveau Front populaire, sur son aspect économique avant tout. « Tous les patrons nous disent “si vous augmentez le smic d’autorité, on sera obligé de licencier” », a-t-il par exemple lâché à Manuel Bompard. Concernant le Rassemblement national, il a évoqué une conseillère franco-russe du parti lepéniste au Parlement européen pour démontrer l’hypocrisie de la mesure portée par Jordan Bardella sur les binationaux. Une banderille parmi d’autres.

Malgré ces offensives, parfois efficaces, le Premier ministre est apparu moins souverain – ou plus fébrile – que lors de son débat en face-à-face avec le président du RN avant les européennes, n’hésitant pas à couper régulièrement la parole à ses interlocuteurs ou à couvrir leur voix. Au point de se faire rappeler à l’ordre par les arbitres du débat. « Le respect c’est de laisser terminer les autres quand ils sont en train de s’exprimer, y compris à l’école mais dans les débats aussi », lui a également répliqué Manuel Bompard.

Des airs de déjà-vu

Pour son premier exercice du genre, le coordinateur de la France insoumise – le moins identifié des trois dirigeants en plateau – n’a pas pris beaucoup de risques. Il est même parfois apparu en retrait sur plusieurs thèmes, ou quand Jordan Bardella et Gabriel Attal se prenaient à partie.

S’il a essuyé quelques tirs croisés de la part du président du RN et du Premier ministre (moins qu’attendus), Manuel Bompard a pu dérouler l’essentiel des propositions de la gauche, du smic à 1 600 euros au retour à la retraite à 62 ans. Le tout, en distillant quelques piques là aussi convenues, contre « les cadeaux » faits par la Macronie aux « plus riches » ou « l’hypocrisie » de la formation d’extrême droite sur l’immigration.

De l’autre côté du plateau, et du spectre politique, le président du parti lepéniste, certes toujours à l’aise dans cet exercice, est apparu malgré tout en difficulté à quelques reprises : au moment de justifier la suppression des zones d’éducation prioritaire, de présenter le chiffrage de certaines mesures de son programme, ou d’expliquer sa réforme des retraites. « On n’a rien compris », lui ont répondu en chœur Gabriel Attal et Manuel Bompard sur ce dernier sujet.

Réponses toutes faites de Jordan Bardella : « vous n’êtes pas le professeur », « je ne vais pas recevoir de leçons d’économie de la France insoumise », et encore moins « d’un Premier ministre aux 1 000 milliards de dette. » Il reste encore plusieurs débats pour changer de disques.

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