Au Canada, Jean-Luc Mélenchon s’essaie à l’anglais pour s’adresser à Donald Trump
POLITIQUE – Jean-Luc Mélenchon a dérogé à sa règle. Sans doute par antiaméricanisme, mais aussi parce qu’il parle bien mieux l’espagnol, le tribun insoumis ne s’exprime habituellement jamais en anglais. En meeting à Montréal le 16 avril, aux côtés de la députée et fondatrice de Québec solidaire Ruba Ghazal, c’est pourtant la langue de Shakespeare qu’il a choisie pour s’adresser au président américain Donald Trump.
« Je vais faire quelque chose que je n’ai jamais fait de ma vie, a-t-il pris soin de préciser sous les rires et les acclamations du public venu l’écouter. Je vais parler anglais ». Et le voilà parti à donner du « Mister President » à distance au locataire de la Maison Blanche. « I have a message for you. Unfortunately, you don’t speak French », a-t-il lancé. Avant d’expliciter son appel au président américain : « Il y a quelques semaines, vous avez reçu le Président français mais il a oublié quelque chose. Une chose qui compte pour nous tous, Français. C’est l’indépendance du Canada. C’est la liberté du peuple Québécois ».
L’exercice a tellement été préparé qu’un homme dans la salle a jugé bon de hurler : « C’est mieux que François Hollande ». Lors de son passage à l’Élysée, l’ex-président socialiste était en effet régulièrement moqué pour son accent franchouillard et sa prononciation hasardeuse de nombreux mots anglais. Jean-Luc Mélenchon s’interrompt, sourire aux lèvres. Et poursuit, avec un accent également très hexagonal : « Monsieur Trump, vous avez dit que le Canada devait devenir un État des États-Unis. Tous les dirigeants du Canada vous ont dit qu’ils refusaient cela. Ils ont dit : “Non”. Et non veut dire non. En anglais comme en français ».
En février, le président américain avait redit sa volonté de faire du Canada le « 51e État » américain. Et ce, au moment même où il venait de rehausser les droits de douane sur son pays voisin, pourtant allié historique. Connu pour ses provocations, Donald Trump était même allé jusqu’à qualifier Justin Trudeau, alors Premier ministre du Canada, de « gouverneur ». Le titre donné aux patrons des États chez l’Oncle Sam.
« Nous soutiendrons le Canada s’il est envahi »
Ce qui n’a pas franchement fait rire Jean-Luc Mélenchon, qui a réaffirmé : « Nous, Français, soutenons le Canada et le Québec. Je peux vous dire que la plupart des Européens pensent la même chose. En ce moment, nous soutenons l’Ukraine envahie par la Russie. Nous soutiendrons également le Canada et le Québec s’ils étaient envahis ». Quelques heures plus tôt, lors d’un échange avec des habitants, le triple candidat à l’élection présidentielle avait évoqué la chanson L’alouette en colère du Canadien Félix Leclerc, sidéré que ses interlocuteurs ne la connaissent pas.
Après le Canada, Jean-Luc Mélenchon poursuivra sa tournée sur le continent nord-américain en se rendant aux États-Unis. De là à rencontrer Donald Trump ? « Si vous le souhaitez, je viendrai vous le dire en personne », a tenté l’ancien sénateur socialiste, comme une bouteille jetée à la mer. Puis, en guise de conclusion : « Comme vous le savez, un peuple qui veut rester libre réussira toujours. Même s’il doit se battre avec des bâtons et des pierres ».
Ce déplacement de Jean-Luc Mélenchon s’inscrit dans la promotion de la parution en anglais de son livre Faites mieux ! (« Now, the people ! Revolution in the 21st century »). Il sera à New York en fin de semaine, pour un nouveau cycle de conférences et de rencontres.
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