Politique

Au lendemain de son pari sur le vote de confiance, Bayrou tente une opération séduction

POLITIQUE – C’est un peu comme s’il avait tendu le bâton, pour demander ensuite de ne pas en faire usage contre lui. À peine 24 heures après avoir annoncé qu’il se soumettrait à un vote de confiance lundi 8 septembre, François Bayrou, qui affectionne tant les métaphores avec la montagne, a renfilé son costume de sherpa pour tenter de « convaincre » les députés de ne pas le faire chuter.

Alors que le vote de confiance, dont l’issue funeste ne semble faire guère de doute, a pris de court la macronie et ses alliés, à tel point que ni Édouard Philippe ni Gabriel Attal ne se sont encore exprimés, le Premier ministre, promet ce mardi dans L’Express de se « battre comme un chien ».

Sans préciser en détail les contours de ce combat, François Bayrou renvoie néanmoins la responsabilité aux oppositions, estimant qu’il reste moins de deux semaines « pour que la conscience se forme, et que les calculs politiques décantent ». Face aux militants de la CFDT, ce mardi après-midi, alors qu’il était invité de longue date aux universités d’été du syndicat, il a insisté, affirmant que les députés ont « 13 jours » pour choisir entre « le chaos » ou « la responsabilité ».

François Bayrou ou le chaos

Il invite ainsi les oppositions à « réfléchir » et à renoncer à leurs « réflexes spontanés ». Un appel que le RN ou le PS auront sans doute du mal à entendre, tant l’équation imposée par le Premier ministre, façon « moi ou le chaos », laisse peu de marge de manœuvre. Le locataire de Matignon a eu beau jurer que ses propositions de juillet étaient amendables, il confie néanmoins à L’Express, qu’il ne voulait pas d’un projet budgétaire « dépecé centimètre carré par centimètre carré, avec des gens qui vous enjoignent d’abandonner un milliard par-ci, deux milliards par-là ».

C’est finalement face aux militants de la CFDT, que le Premier ministre a tenté de faire les yeux doux, louant les « réussites » des partenaires sociaux, ces formations responsables contrairement au mouvement du 10 septembre, jugé lui nébuleux et potentiellement dangereux. Frôlant la drague lourde, François Bayrou a exprimé sa volonté de refaire « pleinement et entièrement confiance aux partenaires sociaux », en leur proposant de leur confier la gestion des principaux piliers du système de protection sociale, « notamment les assurances chômage et vieillesse ».

Avec une « règle d’or » toutefois : que l’équilibre financier soit fixé dans la loi « afin de ne pas faire peser sur les générations futures le poids du surendettement et des dérives financières ». Une proposition qui arrive près de deux mois après la fin du fastidieux conclave sur les retraites qu’il avait lui-même organisé.

Bayrou est prêt « à », mais après…

Et alors que le budget présenté en juillet était accusé par les organisations de travailleurs de faire porter les efforts essentiellement sur ces derniers, plutôt que de mettre les plus riches à contribution, le Premier ministre a de nouveau promis qu’il était prêt à demander « un effort spécifique » aux plus hauts revenus. Une façon de vendre le récit d’un effort demandé à tous les Français, dans un contexte où les syndicats sont vent debout contre la suppression des deux jours fériés, sans compensation de salaire. Entre autres mesures.

Pour donner l’impression d’équilibre, François Bayrou a de nouveau promis ce mardi après-midi, comme en juillet, que les niches fiscales « qui profitent d’abord aux ménages aisés et aux grandes entreprises seront supprimées chaque fois qu’elles seront constatées comme injustes et inutiles ». Le Premier ministre a également évoqué la relance de la production, l’emploi des jeunes et des seniors, les conditions de travail et, enfin, il s’est également dit prêt à un rééquilibrage des aides aux entreprises.

Face à ces promesses (alléchantes ?), la réponse de la CFDT a été immédiate : « on n’est pas dupes ». Prenant la parole juste après le discours du Premier ministre, la secrétaire générale, Marylise Léon, a annoncé qu’elle allait proposer au cours de l’intersyndicale prévue ce vendredi une date de mobilisation en septembre, contre les projets budgétaires du gouvernement. Quand ça ne veut pas…