Politique

Au Parlement européen, la macronie offre un visage (très) différent de celui à l’Assemblée

POLITIQUE – Sur le réseau social X, l’eurodéputé RN Thierry Mariani fanfaronne. « Au Parlement Européen, à Bruxelles, c’est l’heure du “grand déménagement” ! », s’amuse-t-il, en publiant une vidéo dans laquelle il affirme que les élus du groupe Renew présidé par Valérie Hayer, ont dû changer de bureaux pour faire de la place à ceux du groupe « Patriotes pour l’Europe », présidé par Jordan Bardella.

Il faut dire que le recul est net pour la force centriste. Avec 77 eurodéputés (dont 13 Français), le groupe Renew a fondu de 25 sièges par rapport à la précédente législature, perdant au passage dix élus tricolores. Résultat, les eurodéputés macronistes se retrouvent dépassés par les deux principales forces d’extrême droite au Parlement européen : le groupe ECR de Giorgia Meloni qui compte 83 élus, et les « Patriotes pour l’Europe » qui en réunit 84.

« Une autre planète »

Ce qui en fait la cinquième force du Parlement européen, très loin de la troisième place et du rôle d’arbitre que Renew avait obtenus à l’issue des élections européennes de 2019. Alors que les eurodéputés se réunissent en plénière ce mardi 16 juillet, les élus macronistes n’en mènent pas large. Comme le souligne L’Opinion, ces derniers sont dans l’incapacité d’obtenir des postes clés, faute de pouvoir contraindre la droite du PPE et les Socialistes et démocrates du S&D à les inclure dans leurs stratégies d’alliances.

Dit autrement, le groupe centriste n’est mathématiquement plus en mesure d’influer sur qui que ce soit. Ce qu’a résumé, dans un tweet, la responsable presse du PPE : « Les libéraux vivent sur une autre planète s’ils pensent qu’ils peuvent dicter au PPE à qui il peut parler et à qui il ne peut pas parler ». À l’appui, une piqûre de rappel concernant la coalition gouvernementale à laquelle participent les représentants néerlandais du groupe Renew aux Pays-Bas, aux côtés du leader d’extrême droite Geert Wilders.

Un affaiblissement qui pourrait coûter cher au groupe présidé par Valérie Hayer : la possible perte de la présidence de la Commission de l’environnement (qui était occupée par Pascal Canfin) et celle de la sous-commission de la sécurité et de la défense (qui était occupée par Nathalie Loiseau). Cette rétrogradation tranche avec l’image donnée par les macronistes à l’Assemblée nationale. En recul de 80 sièges, la Macronie espère toujours jouer un rôle central, au point que la présidente sortante de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, espère rempiler au perchoir et que d’autres imaginent une coalition où le camp présidentiel continuerait à jouer les premiers rôles.

Cordon sanitaire

Autre différence notable entre les élus macronistes au Parlement européen et leurs homologues dans l’Hexagone, la position vis-à-vis du cordon sanitaire contre l’extrême droite. Selon le site spécialisé dans le suivi de l’actualité européenne Euractiv, Renew, le PPE et les sociaux-démocrates se sont mis d’accord pour écarter l’extrême droite des postes à responsabilité.

Précisément de la tête de la commission LIBE (relative aux libertés civiles, la justice et aux affaires intérieures touchant à l’État de droit), ou autres commissions stratégiques, comme celle des affaires étrangères, du budget, de l’environnement ou de la santé. Ce cordon sanitaire, visant à empêcher ECR ou les « Patriotes pour l’Europe » d’obtenir ces postes stratégiques implique 400 élus sur les 720 que compte le Parlement européen et ne concerne aucunement la gauche radicale ou les écologistes.

Ce qui n’est pas la position des élus macronistes à l’Assemblée nationale. Ce lundi 15 juillet, et alors que plusieurs Renaissance envisageaient comme en 2022 de laisser le RN obtenir des postes clés au Palais Bourbon, le groupe Ensemble pour la République a finalement opté pour une position « ni-LFI, ni-RN », conditionnant donc le cordon sanitaire à l’exclusion de la France insoumise (ce qui n’est pas le cas au Parlement européen). Une différence d’approche qui montre que, chez Renaissance, ce qui vaut à Strasbourg ou Bruxelles ne vaut pas forcément à Paris.

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