Politique

Aux Amfis, Mélenchon somme « Macron 1er » de nommer un Premier ministre au plus vite

POLITIQUE – En entrant sur la scène des Amfis vendredi 23 août, Jean-Luc Mélenchon est reçu avec de longs applaudissements. Il tente de prendre la parole une première fois, puis une deuxième, mais est à chaque fois interrompu par les vivats de la salle. « Arrêtez, vous allez me faire pleurer », murmure-t-il, visiblement surpris par un tel accueil.

Il ne lui suffira que de quelques secondes pour retrouver ses accents habituels. « Macron, c’est comme une série Netflix : on est obligé de mettre plus vite pour avoir la suite », tacle-t-il devant un public hilare. Clin d’œil évident à la procrastination présidentielle au moment de nommer un ou une Première ministre dans la foulée d’élections législatives qui ont vu son camp perdre sa majorité relative.

Le matin même, une délégation du Nouveau Front populaire, menée par Lucie Castets, s’est rendue à l’Élysée dans le cadre des consultations voulues par le chef de l’État.

« Fiers de compter Lucie Castets parmi nous »

Pour Jean-Luc Mélenchon, « Macron 1er, l’autocrate des Français, doit entendre le message. Pour l’instant, il dirige tout seul ». Avant de multiplier les compliments à l’égard de la candidate commune du NFP pour Matignon : « Lucie Castets l’a rappelé à Macron : il y aura évidemment des ministres Insoumis dans son gouvernement. Elle n’est pas une Insoumise, mais elle mériterait de l’être. Nous lui sommes reconnaissants et fiers de la compter parmi nous. » La porte-parole du collectif Nos services publics sera d’ailleurs à son tour présente ce samedi aux Amfis, où il est prévu qu’elle s’exprime durant une heure et demie.

Un moment important pour le leader de LFI, qui a demandé à ses ouailles de l’accueillir dans les meilleures conditions. « Faisons-lui part de notre soutien, notre respect, notre confiance et notre amitié. » Les propos de Lucie Castets sur la hausse du Smic (qu’elle voyait comme un « horizon » à atteindre, avant de revenir sur ses propos) ont pu refroidir une partie de la base insoumise, mais pour Jean-Luc Mélenchon, il n’y a pas de sujet. « Aussi longtemps que durera cette Assemblée nationale, Lucie Castets restera la candidate du NFP. Nous ne traitons pas les gens comme des objets. »

Plus tôt dans la journée ce vendredi, l’ensemble des cadres insoumis avaient fait bloc derrière la proposition de destitution, avancée le 18 août dans La Tribune dimanche par Mathilde Panot et Manuel Bompard notamment.

Malgré le refus d’une partie des partenaires du NFP de s’associer à cette demande d’activation de l’article 68 de la Constitution, les Insoumis persistent et signent. « C’est un signal politique et médiatique, décrypte un député LFI auprès du HuffPost. Je ne suis pas sûr que ça ait une quelconque chance d’être adopté, mais c’est important de montrer que l’on n’est pas démuni face à Macron. On parle d’un article permis par la Constitution, rien d’autre. On ne peut pas nous accuser d’en faire trop avec la Ve République. »

« Nous sommes républicains et démocrates »

Derrière son pupitre, Jean-Luc Mélenchon rappelle d’ailleurs que 44 % des Français sont favorables à l’idée de destituer Emmanuel Macron, selon un récent sondage. Il cherche surtout à minimiser les différences d’approches au sein du NFP. « Nous sommes tous d’accord pour dire que c’est inacceptable que le Président exerce un tel coup de force contre la démocratie. Sinon, que reste-t-il comme solution ? Nous sommes républicains et démocrates, nous nous saisissons des armes que nous permet de saisir la Constitution. »

Avant qu’il ne prenne la parole, le député LFI Sébastien Delogu avait d’ailleurs publié une photo de lui entouré d’une trentaine de ses collègues, en commentant : « Un petit article 68 ? Tu en penses quoi Jean-Luc Mélenchon ? » Une manière de rappeler que le mouvement de gauche tient plus que jamais à cette idée. « Si Macron ne nomme pas Lucie Castets, parole d’Insoumis, il y aura une proposition de destitution », martèle en réponse l’intéressé au micro.

Le triple candidat à l’élection présidentielle en a aussi profité pour évacuer toute dissonance au sein de l’alliance de gauche, préférant rappeler qu’à l’Élysée, les quatre partis composant la coalition ont « fait la démonstration de [leur] unité devant Macron ». Seul hic, selon lui : les louvoiements du Parti socialiste, déchiré entre une aile favorable au NFP, autour d’Olivier Faure, et une aile beaucoup plus critique. « C’est le seul problème. Une partie du PS considère qu’il faut expulser LFI de la coalition de gauche. Ce serait exclure la jeunesse et les quartiers populaires », a mis en garde Jean-Luc Mélenchon. Des propos très politiques, qui font finalement dire au principal intéressé que « les grands travaux pour 2027 ont commencé ». On en doutait si peu.

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