Avant les législatives, ces électeurs ont choisi l’action « pour ne pas rester tétanisés »
LÉGISLATIVES – À trois jours du premier tour des élections législatives, la mobilisation ne faiblit pas. Dans la rue, sur les réseaux sociaux, auprès de leurs proches… Lors de la manifestation contre l’extrême droite, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes place de la République à Paris, ce jeudi 27 juin, Le HuffPost a demandé à certains, qui ne sont pas militants, de nous raconter quelle forme et quelle intensité a pris cet élan d’action.
Thomas, 33 ans, présent ce soir-là, n’avait pas participé à une manifestation depuis le lycée. Habituellement peu politisé, il s’est senti poussé par l’urgence de la situation. « C’est impossible d’avoir le RN au pouvoir. On va être privés de toute liberté et de toutes les valeurs de la France, soutient ce chef d’entreprise. J’ai toujours été contre, mais là il faut se mobiliser. »
C’est aussi depuis la dissolution que Viosildi a commencé à descendre dans la rue. « Je n’ai pas de papiers, donc manifester pour moi c’est prendre des risques, explique cet Albanais de 20 ans, qui vit en France depuis 5 ans. Mais là, je ne peux pas rester chez moi. »
Jérémy a lui « investi les réseaux sociaux ». « La campagne étant très courte, je n’avais pas le temps de faire beaucoup de terrain », souligne ce comédien de 44 ans. Depuis la dissolution, il publie quotidiennement, notamment sur Tiktok, relaie tribunes et informations qu’il juge pertinentes. Il a également aussi participé à un « phoning » pour la première fois – des sessions d’appels téléphoniques organisées par les partis pour convaincre des gens d’aller voter ou de faire une procuration, de préférence en leur faveur.
« J’essaye de faire une action par jour »
Esther, déjà engagée habituellement, s’est immédiatement rapprochée d’organisations. « J’essaye de faire une action par jour, pour ne pas rester tétanisée, auprès d’Attac France et du mouvement organisé par Caroline de Haas, que j’ai rejoint tout de suite », explique cette mère de deux enfants de 39 ans qui travaille à la Sécurité sociale. Elle organise des mises en contact pour des procurations, édite des flyers, construit des « argumentaires thématiques contre le RN sur les droits des femmes, le racisme, l’injustice fiscale ».
Pour Léa, l’intensification de la mobilisation s’illustre par le fait de s’informer davantage. « Pour pouvoir répondre à des questions, être claire et précise sur les raisons pour lesquelles on est contre le RN, avoir les meilleurs arguments face à certains proches qui pourraient hésiter », souligne cette architecte de 32 ans.
Le dialogue, c’est également l’un des modes d’action qu’a choisi Sylvain, 46 ans, qui se dit « beaucoup plus mobilisé » actuellement, en particulier auprès de ses différents cercles de proches. « En ce qui concerne la famille, je saurai si je leur parle encore après le 7 juillet, rit jaune ce cadre dans l’automobile. Le risque de détruire certaines familles est bien présent. »
Béatrice, chômeuse de 60 ans, participe à « toutes les manifestations » depuis la dissolution. « Pas plus tard qu’hier, j’ai parlé de politique avec des gens sur le marché, ce que je ne fais jamais, témoigne-t-elle. Certains ne voulaient pas aller voter. J’ai entamé une discussion avec eux pour comprendre. »
Véronique, 61 ans, artiste intermittente et ancienne directrice d’une compagnie de théâtre, s’est toujours mobilisée, ponctuellement, dans sa vie. Cette fois-ci, cela passe aussi par « de la discussion, de la sensibilisation, de l’interpellation ». Dans son groupe WhatsApp de cousins, elle essaye de convaincre certains « déjà d’aller voter, à gauche si possible ».
« La résistance s’organisera naturellement »
Lorsque la question d’un engagement plus militant en cas de victoire du RN est posée, certains ne peuvent pas encore l’envisager. « On a encore deux semaines pour penser de manière positive, on va les garder. On aura tous les mois qui suivent pour agir. Et vu les mobilisations actuelles, on ne se sentira pas seuls », espère Célie, 27 ans, qui travaille dans la musique.
« Une grève générale, pourquoi pas ? Je ne l’ai jamais fait. Après, le mal sera déjà fait, donc il faudra juste rester vigilants et réagir », estime son amie Marion, 34 ans. Même sentiment pour Léa, l’architecte de 32 ans. « On n’aura pas trop le choix. On fera face à des injustices, des situations qui vont nous pousser à agir. C’est comme de faire face à une agression dans la rue, tu réagis alors que tu es quelqu’un qui n’a pas pour habitude de se battre », estime-t-elle.
Nadia, salariée de 38 ans, a plutôt peur que les personnes qui ne sont pas directement visées « continuent leur vie comme d’habitude ». « Pour l’instant, je ne suis même pas sûre de réaliser ce que voudrait dire le RN au pouvoir. On ne prend pas la mesure exacte de ce que cela va être », estime-t-elle.
Marc, 67 ans, est plus optimiste. Pour lui, la « résistance » s’organisera « naturellement ». « Mon père avait 21 ans en 1939. L’avenir semblait très sombre. Et il est allé en Angleterre dans l’aviation, il y a eu la guerre puis un renouveau. Ce n’est jamais désespéré », souligne ce prof d’éducation physique à la retraite.
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