Avec ce document, Lecornu veut prouver « que la France ne vend pas d’armes à Israël »
POLITIQUE – « La France ne vend pas d’armes à Israël. Point », a martelé Sébastien Lecornu. Le ministre français des Armées a déclassifié ce mercredi 11 juin un document classé « diffusion restreinte » qui prouve, selon lui, que Paris ne livre pas à Israël d’armes autres que défensives ou destinées à la réexportation.
Le ministre a confié ce document aux présidents des commissions Défense de l’Assemblée nationale et du Sénat que les parlementaires pourront consulter, espérant ainsi mettre fin aux accusations récurrentes d’organisations et de partis de l’opposition depuis plusieurs mois.
« Cette désinformation entretenue perpétuellement sur les ventes d’armes présumées de la France à Israël. Je le redis et répète : il n’y a aucune vente d’armes françaises à Israël. Il faut cesser cette désinformation », s’est encore emporté Sébastien Lecornu devant la commission Défense de l’Assemblée.
Mardi, un rapport du réseau militant Progressive International (PI) accusait Paris de livrer de manière « régulière et continue » du matériel militaire à Israël depuis octobre 2023. Ces livraisons comprennent des composants servant à fabriquer « bombes, grenades, torpilles, mines et missiles », et une autre catégorie comprenant « lance-roquettes » ou « fusils militaires », selon ce rapport, qui dit s’appuyer notamment sur des données de l’Autorité fiscale israélienne.
Des pièces pour le « réexport » ou le « dôme de fer »
Le document déclassifié, que l’AFP a pu consulter, détaille les sous-catégories, parmi lesquelles on trouve des pièces fournies « pour du réexport uniquement » ou d’autres pour le « dôme de fer », le système de défense aérienne israélien.
Figurent ainsi notamment des composants divers, des « maillons et accessoires pour munitions », des « éjecteurs de munitions » ou encore des potentiomètres pour missiles défensifs.
La liste concerne les exportations d’armements français vers Israël pour l’année 2024 (16 millions d’euros). « C’est conforme à notre doctrine, on ne vend pas d’armes », a confirmé l’entourage du ministre, contacté par l’AFP, précisant que les pièces réexportées sont elles mêmes soumises à des restrictions de destination.
Devant la commission Défense de l’Assemblée, Sébastien Lecornu a concédé que sont vendus à l’État hébreu « des composants utilisés dans le cadre du dôme de fer, système de défense sol-air. Et nous l’assumons (pour) ces armes, strictement défensives », comme le rapporte Public Sénat.
Des dockers refusent d’envoyer des composants militaires à Israël
Vendredi, Sébastien Lecornu avait déjà défendu cette position après le refus de dockers du port de Marseille de charger sur un navire à destination du port israélien de Haïfa un conteneur rempli de composants militaires.
La France a reçu en 2023 19,9 millions d’euros de commandes d’armement de la part d’Israël, un montant relativement stable après 25,6 M EUR en 2022 et 19,4 M EUR en 2021, selon le rapport annuel présenté au Parlement sur les exportations d’armement français.
En revanche, un second rapport fait état d’un bond des exportations de biens à double usage (à des fins civiles et militaires) à destination d’Israël en 2023, pour 192 M d’euros contre 34 M en 2022, en majorité du matériel électronique.