Politique

Avec Merz, la quête (pas si simple) de Macron pour ressusciter le couple franco-allemand

POLITIQUE – Nouveau couple pour une nouvelle idylle ? Emmanuel Macron reçoit ce mercredi 7 mai le chancelier allemand Friedrich Merz, au lendemain de sa confirmation rocambolesque au Bundestag. Pour les dirigeants, l’objectif est clair : renouer le fameux lien entre les deux pays, après des années de doutes et tergiversations.

Question méthode, cette séquence « marquera une relance, mais surtout le retour du réflexe franco-allemand », expliquaient ainsi les conseillers du chef de l’État aux journalistes, en marge de cette visite. Sur le fond, ce sera également « l’occasion de solder les désaccords qu’on a pu constater ou qui ont pu se manifester antérieurement. »

Un langage fort diplomatique pour qualifier les relations difficiles qu’ont entretenu Emmanuel Macron et Olaf Scholz entre 2021 et la fin 2024. Au-delà de leurs tempéraments opposés, volubile et omniprésent pour l’un, taiseux pour l’autre, les deux hommes n’ont pas su se comprendre et ont offert à l’Europe, au fil des mois, le spectacle d’un couple au point mort. Les choses doivent être plus simples avec Friedrich Merz. Sur le papier, en tout cas.

Macron – Merz, entente évidente ?

Le nouvel homme fort de l’Allemagne a tout d’abord des liens personnels étroits avec la France : Il a des ancêtres huguenots, un de ses grands-pères s’appelait Savigny, il a même participé à un échange scolaire en Auvergne. Il appartient qui plus est à une génération pour laquelle les relations franco-allemandes sont essentielles.

Le président français Emmanuel Macron l’accueillera donc « en ami » ce mercredi, après déjà plusieurs rencontres. Dès le soir des élections allemandes, il l’avait invité à Paris, où ils avaient discuté pendant plus de trois heures des grandes lignes de leur future coopération. Les deux hommes se sont également rencontrés à Berlin, avant même l’entrée en fonction de Friedrich Merz. Et le futur ministre des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a d’ores et déjà noué des contacts à Paris.

Mercredi, « c’est déjà une visite de travail sur une relance de l’agenda franco-allemand », assure en ce sens l’Élysée, en insistant sur la « volonté de la part du chancelier Merz très clairement marquée, y compris dans le contrat de coalition, sur le fait de retrouver le réflexe franco-allemand. »

Sur le fond, aussi, le successeur d’Olaf Scholz semble plus proche d’Emmanuel Macron. Son assouplissement inattendu de la règle d’or budgétaire, notamment au profit d’un effort colossal dans la défense, et son regard critique sur les relations transatlantiques depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, ont ainsi été très bien accueillis à Paris, où l’on ne dissimulait guère une forme d’impatience quant à cette nouvelle page au sein d’un couple historiquement essentiel pour l’Union européenne.

Attention au « fantasme »

« Merz a le réflexe franco-allemand. Même s’il y a des désaccords, il va aller parler avec la France », confirme en ce sens Paul Maurice, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes, cité par l’AFP. « Mais attention à ne pas trop fantasmer », tempère-t-il toutefois : « Il reste un homme politique allemand dans le système politique allemand », avec une marge de manœuvre bien plus limitée que celle du président français.

En témoigne d’ailleurs l’humiliation que le chancelier a vécue, mardi, au Bundestag, quand il n’a pas réussi à se faire élire dès le premier tour. Un échec inédit outre-Rhin qui a fait planer un doute sur la visite du chancelier, ce mercredi. Doute finalement balayé par un tweet d’Emmanuel Macron l’appelant à venir à Paris pour rendre « le moteur franco-allemand plus forts que jamais. »

Restent également, au-delà de cette volonté réaffirmée, de nombreuses divergences de fond entre les deux capitales. Sur le principe d’endettement commun (euro-obligations) ou l’accord de libre-échange avec le Mercosur, par exemple. Friedrich Merz est effectivement, comme Olaf Scholz, un fervent partisan de ces échanges… Que Paris pourfend. Si l’ambition est donc forte, notamment pour peser face à l’ouragan Donald Trump, les obstacles sont également concrets.

Ce que l’Élysée ne dément pas. L’idée, assure-t-on, est de « créer immédiatement cette dynamique franco-allemande qui entraîne le reste. » Elle nécessite que les deux puissances « trouvent les moyens de converger, et quand elles n’y parviennent pas, de contenir leurs différences de telle manière que le moteur franco-allemand joue tout son rôle. » Rien de tel pour espérer prolonger la lune de miel.

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