Bardella veut « s’adresser à toutes les femmes » mais omet de leur dire toute la vérité
POLITIQUE – « Je veux m’adresser à toutes les femmes de France. » C’est par ces mots que démarre une vidéo postée par Jordan Bardella lundi 17 juin sur les réseaux sociaux. Alors que la campagne pour les législatives vient de démarrer, le président du Rassemblement national a tenu à occuper le terrain des droits des femmes. En mettant en avant les arguments qui l’arrangent.
Il faut dire que depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, de nombreuses associations féministes ou de lutte pour les droits des femmes ont fait part de leur inquiétude à l’idée de voir arriver le RN au pouvoir et se sont prononcées en soutien à l’union de la gauche aux législatives.
Par le biais de cette vidéo, Jordan Bardella veut convaincre les femmes de voter RN. « Depuis quelques jours l’extrême gauche diffuse des caricatures, des mensonges, et cherche à s’arroger le monopole de la défense des droits des femmes, rien que ça ! », estime-t-il. Il promet notamment de garantir « l’égalité entre les femmes et les hommes », « la liberté de s’habiller comme on l’entend » et « le droit fondamental à disposer de son corps », s’il était un jour premier ministre.
« Garantir le droit fondamental à disposer de son corps »
Parmi ces promesses, c’est bien « le droit fondamental à disposer de son corps » qui a fait le plus réagir les femmes sur les réseaux sociaux. « Marine Le Pen a soutenu l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution », souligne Jordan Bardella dans sa vidéo. Ce qui est exact. Celle qui qui proposait le déremboursement de l’IVG en 2012 considère en 2024 que « sur le plan idéologique, plus personne ne remet en cause cette liberté ».
Sauf que ce changement de position ne fait pas l’unanimité au sein de son parti. Comme le soulève la sénatrice PS Laurence Rossignol sur X (ex-Twitter), 31 députés RN n’ont « pas voté pour l’IVG au congrès à Versailles ».
Lors du vote sur la constitutionnalisation de l’IVG en France le 4 mars à Versailles, seuls 46 députés RN sur 88 avaient voté pour, et le discours de la vice-présidente RN de l’Assemblée avait provoqué les huées de l’hémicycle. 11 avaient voté contre, 20 s’étaient abstenus et 11 étaient tout simplement absents. C’est donc le groupe s’étant le plus opposé au texte (chez LR, 12 députés avaient voté contre et 4 s’étaient abstenus).
La sénatrice rappelle aussi la position du RN au Parlement européen sur ce sujet. « À BXL (Bruxelles, ndlr) ils votent contre les droits des femmes avec leurs amis dirigeants européens, tous hostiles à l’IVG », rappelle-t-elle.
Comme le soulignait le collectif Grève Féministe, dans une tribune publiée fin mai dans Libération : « Le 26 novembre 2020 et en novembre 2021, les élu·es RN se sont opposé·es à une résolution condamnant la Pologne qui interdisait quasiment totalement l’avortement. Le 11 avril dernier, ils et elles se sont abstenu·es sur l’introduction du droit à l’avortement dans la Charte européenne des droits fondamentaux ».
Pendant la campagne des Européennes, l’ONG Avaaz estimait sur Le HuffPost que : « Quand le RN a l’occasion de voter pour les droits des femmes, il les entrave ».
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