Bayrou annonce un calendrier pour sa réforme sur la proportionnelle, mais…
POLITIQUE – Cette fois, c’est la bonne ? Vieux serpent de mer et marotte du président du MoDem, l’instauration de la proportionnelle aux élections législatives sera bientôt examinée par le Parlement. Du moins, c’est ce que François Bayrou a promis ce dimanche 29 juin lors de l’émission du Grand Jury sur RTL/Public Sénat/Le Figaro, précisant qu’il proposera cette réforme du mode de scrutin en fin d’année ou en début d’année prochaine.
« Je présenterai ce texte après que nous aurons eu le travail budgétaire », a annoncé le Premier ministre, estimant qu’il existe « une majorité pour la proportionnelle à l’Assemblée nationale ». Et ce, même si « au sein du socle commun il y a des sensibilités différentes ». Le chef du gouvernement se dit confiant et assure se fier à ses « capacités pédagogiques » pour convaincre les récalcitrants, notamment au sein de la coalition gouvernementale.
Alors, bientôt examiné ce projet de loi ? Pas si vite. Comme François Bayrou l’a indiqué, ce texte sera présenté après le Budget. Or, celui-ci pourrait bien s’avérer fatal à François Bayrou, qui a de fortes chances de chuter sur cette épreuve, laquelle a déjà fait trébucher son prédécesseur, Michel Barnier. Qui plus est dans un contexte où le chef du gouvernement a perdu la mansuétude du Parti socialiste, et que le RN menace lui aussi d’appuyer sur le bouton à la rentrée en cas de Budget trop éloigné de ses priorités.
Retailleau s’y oppose
Or, il se trouve que l’instauration de la proportionnelle fait partie des sujets chers à Marine Le Pen. Ainsi, la promesse de légiférer sur ce dossier après la période budgétaire peut être vue comme une volonté du Premier ministre de s’assurer la clémence du parti d’extrême droite lors de cet exercice périlleux. Dit autrement : la proprotionnelle en échange d’une non-censure sur le Budget. Ce qui constituerait un pari osé, consistant à miser sur le fait que le RN préférerait obtenir un gain sur une réforme assez éloignée des priorités des Français, plutôt qu’une censure à offrir à sa base. Pourtant, le Rassemblement national ne cache pas sa volonté d’en finir avec l’exécutif. « Le tour » du gouvernement « viendra », et « probablement plus vite que vous le pensez », a d’ailleurs mis en garde ce dimanche le vice-président du RN Sébastien Chenu sur CNews.
D’autant qu’il reste un autre obstacle à lever pour François Bayrou : l’opposition d’une bonne partie de « socle commun ». Dès cette annonce, le patron des Républicains, et ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, a directement mis en garde le chef du gouvernement. « Nous nous y opposerons », a-t-il prévenu sur BFMTV, affirmant que la proportionnelle rendrait « permanent le bazar » observé actuellement à l’Assemblée nationale. Autre formation membre de la coalition gouvernementale, Horizons y est tout autant opposé, tandis que Renaissance n’a pas encore arrêté sa position. Autant de données qui rendent le scénario de l’examen d’une telle réforme après le Budget particulièrement incertain.