Bayrou compte beaucoup sur cette CMP avant le salon de l’agriculture
AGRICULTURE – Il n’y a pas le feu au lac, mais au champ certainement. Ce mardi 18 février, les sénateurs ont largement adopté le projet de loi d’orientation agricole, un texte auquel ils ont apporté de nombreuses modifications. Résultat une commission mixte paritaire se réunit dès la fin de journée avec l’objectif de trouver un compromis. Et rapidement.
Avec l’ouverture du Salon international de l’agriculture ce samedi 22 février, porte de Versailles à Paris, l’enjeu est, pour le gouvernement et François Bayrou, d’arriver les mains les moins vides possibles. L’exécutif se sait attendu au tournant, un an après la crise agricole qui a enflammé le pays et alors que le Salon de l’agriculture 2024 a été marqué par des heurts, des manifestations, et des violences, en pleine visite présidentielle. « À quelques jours du Salon, je suis sûre qu’un accord sera trouvé », voulait croire ce week-end la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.
Un texte post-élections syndicales
Gage que les attentes sont fortes, la grogne s’est traduite directement dans les urnes le mois dernier lors du renouvellement des chambres d’agricultures. La FNSEA cogestionnaire avec le gouvernement depuis des décennies, a vu son hégémonie fragilisée par la montée en puissance de la Coordination rurale. Le syndicat, dirigé par Véronique Le Floc’h et décrié pour sa proximité avec l’extrême droite et ses méthodes musclées, avait d’ailleurs été directement visé par Emmanuel Macron après sa visite chahutée l’an passé.
« Il y a des gens qui sont là avec un projet politique qui est de servir le Rassemblement national, de faire demain ou après-demain une haie d’honneur aux dirigeants du Rassemblement national et de mener une campagne politique », avait lancé le président en colère.
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Reste à savoir si la formation syndicale trouvera satisfaction dans le texte et évitera ainsi à François Bayrou une nouvelle éruption. Si toutefois une version définitive est bien votée d’ici la fin de la semaine, un objectif qui implique d’aller (très) vite…
Dans le cas où la CMP est conclusive, la version commune au Sénat et à l’Assemblée pourrait être soumise aux deux chambres avant samedi — voire dès mercredi — pour deux ultimes votes qui vaudront adoption définitive. Dans le cas contraire, la « navette » parlementaire reprendrait et l’agenda s’allongerait de plusieurs semaines.
Un pas de charge qui ne fait pas consensus du côté de l’opposition. Dans un communiqué diffusé lundi, les écologistes ont dénoncé un agenda « intenable ». Sénateurs comme députés verts sont également remontés contre un texte synonyme « d’un retour en arrière historique, d’un condensé d’attaques contre l’environnement ».
Des discussions houleuses à prévoir
Par ailleurs, même si le camp gouvernemental a la majorité au sein de cette CMP, des divergences en son sein existent. Il faut dire qu’à l’initiative de LR, le Sénat a nettement allégé les contraintes des agriculteurs en matière d’installations agricoles ou de destruction de haies, tout en dépénalisant certaines atteintes à la biodiversité. Dans le même temps, il a écarté la plupart des références à la « transition » écologique au profit de la notion plus neutre « d’adaptation ».
Des évolutions, certes souvent votées contre l’avis du gouvernement, mais qui ont fait grincer la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. La même qui est régulièrement montée au créneau ces derniers mois pour défendre l’Office français de la biodiversité (OFB) face aux attaques répétées de la droite, de l’extrême droite et de la Coordination rurale.
Lundi sur LCP, la ministre a ainsi estimé qu’« en l’état » le texte ne lui convenait pas. Cette dernière a aussi bien visé la dépénalisation de certaines atteintes à l’environnement que la réintroduction d’un pesticide type néonicotinoïdes dans certains cas. Le Sénat a également supprimé du code rural les objectifs chiffrés sur le bio.
« Il n’y aura pas d’accord à tout prix » , a prévenu le chef des députés MoDem Marc Fesneau, qui avait porté le texte devant l’Assemblée en tant que ministre de l’Agriculture au printemps. Lui (comme d’autres parlementaires de l’ex-majorité) appellent à trouver un « terrain de convergence » face au durcissement du texte opéré par la droite sénatoriale. De quoi, effectivement, promettre une CMP agitée.
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