Ce détail révélé par la fille de François Bayrou met à mal sa défense dans l’affaire Bétharram
POLITIQUE – C’est un des arguments principaux de la défense de François Bayrou dans l’affaire Bétharram. Le Premier ministre a toujours dit qu’il n’est « jamais » intervenu, « ni de près ni de loin » auprès de la justice dans ce scandale qui vise un établissement catholique où étaient scolarisés ses enfants, dont sa fille Hélène Perlant. Mais cette dernière a sérieusement mis à mal la défense de son père au micro de Mediapart le jeudi 24 avril.
D’après elle, François Bayrou s’est bel et bien rendu chez le juge Christian Mirande en 1998 pour parler avec lui de l’enquête sur le père Carricart, ex-directeur de Bétharram qui était mis en examen pour viol. Un témoignage que vous pouvez voir dans la vidéo ci-dessous et qui contredit celui du Premier ministre, qui avait simplement fait état d’une discussion brève lors d’une rencontre fortuite.
« Je pense qu’il ne s’en souvient pas, mais je suis là le soir où il rentre de chez le juge Mirande », a affirmé Hélène Perlant sur le plateau de Mediapart. « Il me dit : “Ne le répète surtout pas, j’ai juré d’être dans le secret de l’instruction” », poursuit la fille de François Bayrou, confiant que son père lui a demandé si elle croyait « possible » que les accusations contre le père Carricart soient vraies.
Ce récit confirme une partie du témoignage de Christian Mirande, qui avait affirmé en avril dernier devant une commission d’enquête parlementaire sur la prévention des violences dans les établissements scolaires que François Bayrou était « venu [le] voir » et « cherchait à se renseigner sur les faits en cours ». « Il exprimait alors une vive inquiétude, notamment au sujet de son fils qui était élève à Bétharram », a poursuivi le juge, qui a indiqué qu’une de ses filles était présente ce jour-là.
Un possible viol du secret de l’instruction
Les propos d’Hélène Perlant pourraient cependant mettre en difficulté Christian Mirande, ce dernier ayant assuré que ses échanges avec François Bayrou n’avaient porté « que sur des éléments relevant strictement de ce qui avait été rendu public » pour « ne pas compromettre le secret de l’instruction ». Une affirmation contredite par la fille du Premier ministre, qui assure que son père a dit « avoir juré au juge Mirande de ne pas trahir le secret de l’instruction » et « le fait » que le magistrat « avait parlé ». Hélène Perlant a ajouté avoir conscience qu’elle « met le feu au juge Mirande » par ses propos.
Ces révélations ont suscité l’indignation de Paul Vannier, député LFI et co-rapporteur de la commission sur les violences à l’école. « Quelle est la valeur de la parole du Premier ministre ? », a-t-il demandé sur les réseaux sociaux, estimant que « comme celles d’autres victimes, les déclarations d’Hélène Perlant contredisent les propos de François Bayrou », qui « est bien allé voir le juge Mirande, avec la conscience d’enfreindre le secret de l’instruction ». Des accusations reprises ce vendredi matin par le chef des Insoumis Manuel Bompard : « C’est au bout de combien de mensonges qu’un Premier ministre démissionne ? », a-t-il écrit sur X.
La fille de François Bayrou a par ailleurs réaffirmé au micro de Mediapart que son père n’a « jamais voulu couvrir » le scandale autour de l’établissement catholique. Plus tôt sur France Inter, Hélène Perlant avait assuré que son père « ne savait pas » jusqu’à cette semaine qu’elle faisait partie des victimes. « Lui, comme les autres [parents], ne pouvait pas comprendre parce que ça fonctionne comme ça, avait-elle insisté, on a tout sous les yeux […] sauf qu’on l’a tellement sous les yeux qu’on ne voit rien ».
À voir également sur Le HuffPost :
La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.