Ce qu’attend la commission d’enquête sur Bétharram de Bayrou après les propos de sa fille

POLITIQUE – Humiliations, brimades, coups, viols, agressions sexuelles… Le silence dans lequel se sont murés tant d’enfants passés par l’école catholique de Bétharram est en train de disparaître. Peu à peu, mot après mot, révélation après révélation, un système de violences physiques et sexuelles institutionnalisées se dévoile. La sortie du livre d’Alain Esquerre, Le Silence de Bétharram, jette un dernier pavé dans la mare.

La fille de François Bayrou y témoigne, révélant notamment avoir été elle-même victime de violences lors d’un camp scout. Ce qui motive Paul Vannier, ce député de La France insoumise co-rapporteur d’une commission d’enquête sur les violences en milieu scolaire, à poursuivre les travaux. « Les déclarations d’Hélène Perlant sont fracassantes », a-t-il jugé ce jeudi 25 avril sur France Info.

Avec la macroniste Violette Spillebout, ils doivent auditionner le Premier ministre le 14 mai à l’Assemblée nationale. Un rendez-vous très attendu qui, espèrent-ils, permettra de faire toute la lumière sur les informations dont disposait celui qui, dans les années 1990, a occupé divers postes à responsabilité. « Beaucoup de questions se posent, confirme Paul Vannier. Les mensonges, les dissimulations… Que François Bayrou savait-il ? Pourquoi n’a-t-il rien fait alors qu’il en avait les moyens pour faire cesser les violences ? » Ministre de l’Éducation nationale, député, président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques… Ne savait-il vraiment rien des faits de violences relatés dans un établissement où travaillait sa femme et où ont été scolarisés ses enfants ?

Surtout, Hélène Perlant a révélé dans Mediapart le 24 avril que son père avait bien rencontré le juge chargé d’enquêter sur un viol survenu à Bétharram en 1998. Contrairement à ce qu’il ne cesse de marteler. « Il ne s’en souvient pas, je pense, mais je suis là le soir où il rentre de chez le juge Mirande. On est là, tous seuls, tous les deux et il me dit : “Ne le répète surtout pas, j’ai juré d’être dans le secret de l’instruction », a-t-elle rapporté.

Une défense mise à mal ?

Ce qui fait vivement réagir Paul Vannier. « Eu égard aux dernières déclarations d’Hélène Perlant, et de très nombreuses victimes, qui contredisent entièrement, point par point toutes les déclarations de François Bayrou, nous avons évidemment une série de questions à lui poser », estime-t-il.

Auprès de Mediapart, l’entourage du chef du gouvernement reconnaît pour la première fois qu’il a bien discuté avec le juge Mirande. « Ils se sont en effet rencontrés à cette époque, puisqu’ils sont voisins. L’interview d’Hélène Perlant à Mediapart apporte une précision utile sur la période : après l’incarcération du père Carricart et alors que la presse locale s’était fait l’écho de cette incarcération. Il est donc logique qu’ils aient parlé de cette affaire ».

Pour Paul Vannier, le plus compliqué est d’articuler ses différents rôles. Le Paul Vannier député LFI n’a pas forcément les mêmes revendications que le Paul Vannier co-rapporteur de la commission d’enquête. « Comme député d’opposition, j’appelle à la démission du Premier ministre, considérant qu’il a menti devant la représentation nationale. Je ne peux pas accepter qu’un Premier ministre agisse comme ça. Il a aussi menti devant les victimes de Bétharram, il a eu une conduite disqualifiante », explique-t-il.

Ajoutant toutefois : « Comme co-rapporteur d’une commission d’enquête parlementaire qui travaille sur l’ensemble des violences en milieu scolaire, nous avons la volonté d’identifier des défaillances, de les corriger pour protéger les enfants demain ». L’audition du 14 mai ne sera pas sans intérêt.

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