Politique

Ce que cherche François Bayrou à travers ses consultations qui commencent à Matignon

POLITIQUE – Le plus dur commence. Après avoir obtenu le poste de Premier ministre au prix d’un rapport de force avec Emmanuel Macron, François Bayrou peut désormais s’atteler à faire ce pour quoi il a été nommé : démêler une équation politique particulièrement complexe qui a déjà fait chuter un gouvernement, celui de Michel Barnier. Pour y parvenir, le Palois renoue avec le manège des consultations à Matignon.

Une initiative organisée ce lundi 16 décembre qui intervient après des premiers échanges téléphoniques avec les chefs des partis représentés à l’Assemblée, et des discussions avec Yaël Braun-Pivet, Gérard Larcher, Pierre Moscovici ou encore François Villeroy de Galhau, gouverneur de la banque de France. Le Premier ministre a du pain sur la planche : définir une feuille de route qui remplierait les conditions d’un accord de non-censure, et composer un gouvernement qui respecterait les équilibres politiques sur lesquels il compte s’appuyer.

Un paysage politique intact

Le tout dans un contexte où il s’agit de doter la France d’un budget, marqué par l’impérieuse nécessité de corriger le dérapage du déficit public déploré sur l’exercice 2024. Problème : le paysage politique dans lequel s’est perdu Michel Barnier n’a pas changé. Le RN se targue toujours de placer l’exécutif « sous surveillance », Les Républicains posent leurs conditions pour une participation au gouvernement, la gauche trace ses « lignes rouges » tandis que le camp présidentiel ressort affaibli par une censure qu’il n’a pas réussi à éviter.

La charge confiée à François Bayrou, sommé de concilier l’inconciliable, prend ainsi des airs de mission impossible, que le Béarnais compte accomplir à sa façon. Selon Le Parisien, l’Élysée a demandé au Premier ministre de reproduire la méthode du chef de l’État : une réunion multilatérale excluant le RN et LFI. Une requête à laquelle le président du MoDem ne donne pas suite pour le moment, puisqu’il a convié les responsables politiques les uns après les autres, lepénistes et insoumis compris, ces derniers ayant décliné le rendez-vous. « Il veut savoir ce qu’ils ont à dire », a confié l’un de ses proches cité par le quotidien, qui appelle à ne pas « surinterpréter » l’initiative.

« Faire bouger les lignes »

Assiste-t-on ainsi au déploiement d’une méthode Bayrou capable de surmonter « l’Himalaya de difficultés » qu’il a pointé à son arrivée à Matignon ? Un modus operandi marqué par un sens du dialogue et un soupçon d’émancipation vis-à-vis de Jupiter. Président des Jeunes Démocrates, Jules Pasquier assure en tout cas au HuffPost être « confiant » sur la suite des événements. « S’il y a quelqu’un qui peut faire en sorte de trouver des convergences et de dialoguer avec tout le monde, c’est bien lui », juge ce membre du bureau exécutif du MoDem qui décrit le Palois comme un « Premier ministre fort », doté d’une personnalité capable de « faire bouger les lignes » des différentes parties prenantes.

Or, c’est un refrain que l’on a déjà entendu lorsque Michel Barnier, « négociateur du Brexit », posait ses valises à l’Hôtel de Matignon. Car c’est moins des capacités d’un Premier ministre à trouver des compromis dont il est question, mais de l’existence même de voies de compromis. En témoignent les premières révélations concernant la composition de son futur gouvernement. Selon L’Opinion, François Bayrou essuie plusieurs refus sur son flanc gauche. « Je ne vais pas commencer à 33 ans une carrière de ministre de droite », justifie auprès du quotidien le député socialiste Philippe Brun, cité pour prendre les rênes de Bercy.

« C’est sûr qu’il ne suffit d’appeler au dialogue pour que ça fonctionne. Il faut des actes forts (sur les retraites ou le recours au 49-3 hors Budget) pour convaincre. Et aussi que tout le monde mette de l’eau dans son vin, sinon on ne s’en sortira pas », souligne Jules Pasquier, alors que Renaissance s’est distingué ces dernières semaines par son incapacité à remettre en question ses dogmes, allant jusqu’à refuser de voter le budget de Michel Barnier au Sénat. Dès lors, difficile de voir les consultations de ce lundi autrement que comme une opération visant à montrer que François Bayrou, chantre de la « réconciliation nécessaire » est à l’écoute de la représentation nationale dans toutes ses sensibilités. Et qu’il ne saurait être comptable de l’immobilisme qui pend au nez de l’exécutif. Il en faudra sans doute plus pour atteindre le sommet de l’Himalaya.

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