Ce que Gabriel Attal a à craindre de sa première motion de censure
POLITIQUE – L’histoire dira s’il en connaît autant que sa prédécesseure à Matignon, Élisabeth Borne. Le Premier ministre, nommé début janvier à la tête du gouvernement, affronte ce lundi 5 février sa première motion de censure. Un texte déposé à l’Assemblée nationale par les socialistes, communistes, écologistes et insoumis pour dénoncer l’absence de vote de confiance à l’issue de sa déclaration de politique générale, mardi 30 janvier dernier.
Annoncée dès la mi-janvier, la motion de censure a été déposée le jour même du discours du chef de gouvernement. « S’affranchir du vote de confiance, c’est choisir de déroger aux principes fondamentaux d’une démocratie parlementaire. Par ce choix, monsieur Gabriel Attal préfère gouverner du seul fait du prince et s’exonère de la légitimité politique nécessaire pour prétendre conduire la politique de la Nation », y fustigent les élus.
Respecté par usage, le vote de confiance n’est pas une obligation constitutionnelle pour le chef du gouvernement. Si Édouard Philippe et Jean Castex s’y étaient pliés, Élisabeth Borne, à l’inverse, s’était abstenue, face à une Assemblée nationale sans majorité absolue après les législatives 2022 (et avait survécu à la motion déposée par la gauche). La composition de l’hémicycle n’a pas changé depuis et Gabriel Attal a choisi de faire de même, s’évitant ainsi une option trop risquée.
Maigre suspens sur l’issue, Attal attendu à Berlin le même jour
Pour l’heure, 150 députés de gauche ont déjà signé ce qu’ils présentent comme « une motion de défiance ». Mais même si d’autres voix venaient à s’ajouter aux leurs, les chances d’obtenir les 289 votes nécessaires pour faire tomber le gouvernement sont maigres.
Le Rassemblement national ne va « probablement pas voter la motion de censure », a indiqué le vice-président du parti et député du Nord Sébastien Chenu sur France Inter le 31 janvier quand, la veille, Marine Le Pen jugeait que la motion « annoncée avant même le discours (…) décrédibilise ceux qui l’ont déposée ». Sauf surprise de dernière minute – un précédent existe – pas de soutien à attendre donc du côté des 89 députés de l’extrême droite, en dépit de leur intention annoncée de « combattre le gouvernement ».
Il en va de même du côté des Républicains d’Éric Ciotti. « Nous ne voterons pas la motion de censure des Insoumis. Parce que nous ne partageons en rien la vision des Insoumis », a-t-il déclaré à l’AFP le 31 janvier. Là encore, sauf retournement de situation. Et sans que cela empêche quelques soutiens individuels de députés de droite, le groupe assumant une certaine liberté de vote de ses élus. En revanche, la droite n’exclut pas de déposer sa propre motion de censure « dans les prochains mois », échaudée qu’elle est par la censure des mesures négociées dans la loi immigration et la « trahison » de Gabriel Attal sur l’AME (l’aide médicale d’État).
Du côté du groupe Liot, le président Bertrand Pancher indique au HuffPost que « jusqu’à présent, le groupe Liot ne vote que sur les motions qu’il a déposées ». Ce qui ne présume pas forcément d’une position unanime, certains parlementaires de cette formation composite ne s’étant pas exprimés lors des discussions au cours du weekend.
Sur le papier, la majorité affronte donc la première motion de censure du gouvernement Attal sereinement. Preuve en est : le premier déplacement de Gabriel Attal à l’international prévu dans l’après-midi a été maintenu. Le Premier ministre est attendu à 15 h 30 à Berlin avant un discours avec le chancelier Olaf Scholz en début de soirée.
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