Ce que l’on sait de ce réseau d’influence russe au Parlement européen
INTERNATIONAL – « Le scandale ’Voice of Europe’ montre une fois de plus que les patriotes de pacotille de l’extrême droite sont une cinquième colonne au service de Poutine ». C’est par ces mots forts que le candidat socialiste aux élections européennes Raphaël Glucksmann a tancé le nouveau scandale qui agite Bruxelles autour d’une campagne d’influence et de corruption au sein du Parlement européen.
Plus d’un an après l’affaire du « Qatargate », qui avait secoué Strasbourg et Bruxelles en raison des soupçons portant sur plusieurs députés accusés d’avoir reçu de l’argent par un pays du Golfe afin d’influencer les décisions des parlementaires, c’est la Russie qui est mise en cause par des responsables des groupes libéraux et Verts qui siègent à Strasbourg.
Dès vendredi, ils ont réclamé l’ouverture d’une enquête interne pour agir au plus vite sur l’emprise de ce réseau d’influence financé par Moscou. Le HuffPost fait le point ce samedi 30 mars sur ce que l’on sait de ce scandale qui ravive les craintes d’interférences au sein du Parlement européen.
· Prague donne l’alerte
Tout semble avoir débuté quelques jours plus tôt dans l’affaire déjà surnommée ’Voice of Europe’, du nom de ce média intimement lié aux soupçons d’ingérence russe.
Dès mercredi, les services de renseignement tchèques indiquaient avoir démasqué un réseau financé par la Russie qui répandait la propagande prorusse sur l’Ukraine via le site Voice of Europe. Sauf que les tentacules de ce réseau s’immiscent « jusqu’au Parlement européen », à en croire les rares informations dévoilées par Prague.
Vendredi, c’est le Premier ministre belge Alexander De Croo qui s’est chargé de livrer de nouveaux détails en affirmant que ce réseau à permis à la Russie d’« approcher des eurodéputés » mais aussi de les payer « pour promouvoir la propagande russe ». Devant la Chambre des représentants belge, il s’est d’ailleurs montré très clair en indiquant qu’il s’agissait « de parlementaires touchant de l’argent ».
· Vive émotion des eurodéputés
Confrontés à la nouvelle, de nombreux élus du Parlement européen ont rapidement demandé l’ouverture d’une enquête interne. Il faut dire que le risque d’un scandale d’ampleur à seulement dix semaines des élections européennes jetterait un discrédit peu enviable sur l’institution européenne.
Tête de liste pour Renaissance, l’eurodéputée macroniste Valérie Hayer a même écrit à Roberta Metsola, présidente du Parlement, pour obtenir une enquête « immédiate et transparente, en coopération avec les autorités nationales ».
« Les électeurs doivent savoir si les eurodéputés ou candidats travaillent avec le soutien de la Russie ou de ses mandataires, la démocratie en Europe doit être défendue à tout prix contre ces menaces », a d’ailleurs souligné Valérie Hayer dans son courrier.
Membre du même parti, l’eurodéputée Nathalie Loiseau a surtout visé « l’extrême droite européenne » lors d’une prise de parole ce samedi sur franceinfo. Avant de cibler plus précisément l’extrême droite « allemande et française »
L’ancienne ministre des Affaires européennes française a également parlé d’« un choc mais pas une surprise » car « on sait que la Russie (…) essaye d’influer sur les députés européens ». « Le choc, c’est d’apprendre que certains députés auraient cédé à la Russie et surtout auraient cédé non pas par conviction, mais parce qu’ils ont été corrompus », a-t-elle développé.
Chez les Verts, on réclame aussi « une enquête rapide et approfondie à l’échelle européenne ». L’Allemande Terry Reintke, l’une des deux têtes de listes des Verts pour le scrutin du 9 juin va même plus loin en évoquant « une attaque directe contre le tissu même de notre démocratie ».
· Un oligarque prorusse à la baguette
À ce stade, les révélations semblent encore incomplètes. Mais elles sont suffisantes pour qu’une porte-parole du Parlement européen indique à l’Agence France-Presse que les conclusions des autorités tchèques sont « actuellement examinées, en coordination avec les partenaires institutionnels (…) notamment concernant le média Voice of Europe ».
« Des personnes ayant de fortes opinions prorusses, y compris des politiciens européens, y ont reçu un espace médiatique », affirme les services de renseignements tchèques. Le site, enregistré à Prague a depuis été fermé par les autorités tchèques, comme l’indique le journal Le Monde.
Dans cette affaire, un nom revient déjà régulièrement et pas uniquement dans les tweets de Raphaël Glucksmann. Il s’agit de Viktor Medvedtchouk, un oligarque ukrainien prorusse et proche du président Vladimir Poutine qui est le propriétaire du site « voice-of-europe.eu »
Cet homme, son associé Artem Marchevsky et le site en question avaient d’ailleurs été placés sur la liste des personnes sanctionnées par la Tchéquie après le début de la guerre en Ukraine, comme l’a rappelé mercredi le Premier ministre tchèque Petr Fiala.
Si le site n’est plus accessible aujourd’hui, franceinfo indique toutefois que plusieurs vidéos circulent encore sur internet, où l’on peut voir des interviews de députés d’extrême droite, à l’instar de l’eurodéputée du Rassemblement national Patricia Chagnon. Selon le média tchèque Denik N, des figures politiques néerlandaises, belges, allemandes, polonaises, hongroises ainsi que françaises sont concernées par ces enveloppes d’argents remises par Moscou contre des déclarations favorables au régime du Kremlin.
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