Politique

Ce que l’on sait de la nouvelle prison de haute sécurité voulue par Gérald Darmanin en Guyane

FRANCE – La proposition de Laurent Wauquiez d’« enfermer » les « étrangers dangereux sous OQTF » à Saint-Pierre-et-Miquelon a-t-elle donné des idées à certains ? À Gérald Darmanin, peut-être. Le ministre de la Justice annonce ce dimanche 18 mai au Journal du Dimanche l’ouverture d’ici 2028 d’une prison de haute sécurité de 500 places à Saint-Laurent-du-Maroni, en pleine jungle guyanaise. Celle-ci doit accueillir les détenus condamnés aux peines les plus lourdes pour narcotrafic ainsi que des détenus radicalisés.

« J’ai décidé d’implanter en Guyane la troisième prison de haute sécurité de France. Soixante places, un régime carcéral extrêmement strict, et un objectif : mettre hors d’état de nuire les profils les plus dangereux du narcotrafic », a déclaré le ministre de la Justice au journal de Vincent Bolloré en marge d’un déplacement en Guyane. « 15 places » seront également « dédiées aux islamistes/radicalisés », a précisé son cabinet à l’AFP.

« Ma stratégie est simple : frapper la criminalité organisée à tous les niveaux. Ici, au début du chemin de la drogue. En métropole, en neutralisant les têtes de réseau. Et jusqu’aux consommateurs. Cette prison sera un verrou dans la guerre contre le narcotrafic », ajoute Gérald Darmanin.

Un coût de 400 millions d’euros

Le garde des Sceaux, qui a fait de la lutte contre le trafic de drogue sa priorité, souhaite que cette prison « serve à éloigner durablement les têtes de réseau du narcotrafic » dans la mesure où « ils ne pourront plus avoir aucun contact avec leurs filières criminelles ». Toujours selon le JDD, le permis de construire de ce bâtiment, situé sur un terrain de plusieurs dizaines d’hectares dans la jungle amazonienne et d’un coût de 400 millions d’euros, est en passe d’être signé par le préfet.

Cette nouvelle prison ultra-sécurisée doit également être l’application très concrète de la loi « visant à sortir la France du piège du narcotrafic », votée très largement à l’Assemblée nationale le 29 avril dernier – le groupe parlementaire de la France insoumise étant le seul à s’y être opposé, ainsi que les ex-Insoumis au sein du groupe Écologiste et social, et quatre communistes. Ainsi, les promenades et visites au sein de cette prison seront particulièrement contraintes, les fouilles très régulières, et la surveillance électronique constante.

L’ancien port d’entrée du bagne

Ce choix de Saint-Laurent-du-Maroni pour accueillir cette prison n’a rien d’anodin. Cette ville est considérée comme carrefour stratégique des « mules » venues notamment du Brésil qui chaque jour tentent d’embarquer pour l’aéroport d’Orly avec, dans leurs bagages ou dans leur estomac, de la cocaïne provenant du Suriname voisin, sur l’autre rive du fleuve.

Mais cette ville est également chargée d’histoire. Elle était ainsi l’ancien port d’entrée du bagne où débarquaient les forçats venus de métropole, de 1850 à 1938. La ville prit même le statut de « commune pénitentiaire spéciale » à partir de 1880, avec la fonction de maire qui était assurée directement par… le directeur de l’administration pénitentiaire.

Nul doute que ce symbole devrait susciter des réactions dans les heures et les jours qui viennent de la part de la gauche. Car même au sein du gouvernement, cette annonce de Gérald Darmanin vient percuter des déclarations très récentes, notamment venues du ministre des Outre-mer, Manuel Valls.

« Aucun territoire français ne mérite d’être traité comme une zone de relégation. L’exil forcé, c’est une méthode de colon, pas d’élu de la République. Le bagne de Cayenne, c’est loin et tant mieux », répondait l’ancien Premier ministre il y a un mois seulement à la proposition de Laurent Wauquiez d’envoyer certains OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon. Pas si loin que ça, finalement.

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