Ce que nous dira la présidence de l’Assemblée sur la composition du futur gouvernement
POLITIQUE – Perchoir, perchoir… Dis-nous qui pourra gouverner. Les députés font leur rentrée ce jeudi 18 juillet à l’Assemblée nationale, 11 jours après le second tour des élections législatives, comme le prévoit la Constitution. Première mission pour les 577 : élire leur président ou présidente.
Une étape formelle d’ordinaire, lorsqu’un camp détient la majorité absolue des sièges. Mais qui se révèle cruciale aujourd’hui, dans la nouvelle ère politique née du résultat inédit du dernier scrutin. Preuve en est, Emmanuel Macron a déjà fait savoir qu’il attendait cette « structuration » au Palais Bourbon, et l’élection du nouveau titulaire du Perchoir, pour « prendre les décisions nécessaires. »
Aux yeux du chef de l’État, il s’agit presque du troisième tour des élections législatives. Avec, en creux, une question centrale : le Nouveau Front populaire, arrivé en tête le 7 juillet au soir mais très loin de la majorité absolue, est-il en mesure de placer son candidat ? Et donc, in fine, de s’installer dans la durée à Matignon ?
La première pierre d’un barrage fait au NFP ?
Pour comprendre, il faut se pencher sur le mode de scrutin. Tout indique que l’élection du président ou de la présidente se fera à la majorité relative, au troisième tour. Pour l’emporter avant, il faudrait qu’un candidat recueille au moins 289 voix, ce qui, dans un hémicycle divisé en trois blocs majeurs, est très improbable.
Résultat : des alliances pourraient se révéler au grand jour, et la victoire d’un camp comme de l’autre, permettra de nourrir un récit sur le bloc le plus enclin à gouverner. Soit le Nouveau Front populaire, vainqueur relatif des législatives. Soit le « bloc central » revendiqué, qui trouverait là un argument pour expliquer qu’une majorité alternative à la gauche est possible.
Concrètement, la macronie essaie de coiffer le NFP au poteau, en discutant avec Les Républicains. Si les deux camps se mettent d’accord, Yaël Braun-Pivet (pour le parti présidentiel) ou Philippe Juvin (pour LR) bénéficiera d’un report de voix suffisant (avec les députés Modem et Horizons), pour ravir le fauteuil de 4e personnage de l’État à la gauche. À n’en pas douter, cette issue constituerait la première pierre d’un barrage au Nouveau Front populaire. Et la première étape vers une coalition gouvernementale entre les troupes du président, et celles de Laurent Wauquiez ?
Cette idée serait certes renforcée, à l’heure où le groupe des Républicains (canal historique) avance ses pions en direction du camp présidentiel, avec, notamment, la proposition d’un « pacte législatif ». Mais l’option d’une une entente entre LR et la macronie resterait malgré tout très hypothétique pour Matignon, au regard, entre autres, des forces en présence. Réunis, les deux camps pourraient compter sur quelque 200 voix maximum. Un contingent à peine plus important que le NFP, et soumis au même risque de censure.
Quelles options pour la gauche ?
Dans ce contexte, la gauche craint de se retrouver piégée. C’est d’ailleurs le sens des derniers rebondissements au sein de l’alliance, et la pression mise par les insoumis pour proposer un candidat commun au Perchoir, avant même de s’entendre pour Matignon. « C’est la priorité absolue puisqu’Emmanuel Macron veut profiter de cette élection pour s’asseoir sur les votes des Français lors des législatives » a par exemple résumé la députée LFI Aurélie Trouvé, mercredi, sur BFMTV, accusant le chef de l’État de vouloir « déjouer le résultat des urnes », par « des combines » et des « tractations. »
Comme un avant-goût des réactions au vote de jeudi ? Quelques heures plus tard, le PCF, LFI, le PS et les écologistes ont annoncé s’accorder sur la candidature unique d’André Chassaigne, député communiste depuis 2002. Mais sans alliés ni réserve de voix à l’Assemblée nationale, le Nouveau Front populaire (environ 190 élus) n’a pas réellement la main. En cas de « barrage » total LR/Macronie face à lui, il n’aura pas le Perchoir.
Si l’élu du Puy-de-Dôme, particulièrement apprécié au Palais Bourbon, ne parvient pas à s’assurer quelques voix supplémentaires ici ou là, la gauche aura une dernière carte à jouer pour sauver les meubles. Non sans concession. Il lui faudrait alors soutenir au troisième tour le député indépendant Charles de Courson, figure de l’Assemblée nationale et candidat à sa présidence, le seul capable de renverser une éventuelle entente autour du centre.
L’élu du petit groupe Liot a déjà reçu les compliments de la gauche à plusieurs reprises, quand il s’est farouchement opposé à la réforme des retraites en 2023. Ou quelques mois plus tôt, quand il se désistait en commission des Finances pour refuser de chiper le poste convoité de président à l’insoumis Éric Coquerel grâce aux voix du Rassemblement national. Surtout, cette option, inattendue et assez hypothétique, aurait l’avantage pour le NFP de faire échec à la tentative du camp macroniste de revendiquer une victoire structurante pour le futur gouvernement. Le paysage autour de Matignon ne serait en revanche pas plus clair.
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