Ce que promet Attal à la tête de Renaissance ne va pas forcément plaire à Macron
POLITIQUE – Par ici la sortie ? Gabriel Attal, qui vient d’être élu secrétaire général de Renaissance en remplacement de Stéphane Séjourné, se projette déjà dans l’après-Macron. Qu’importent les deux ans de mandat qu’il reste au président, le jeune ambitieux veut aller vite. Dimanche 8 décembre, dans un discours prononcé devant 350 militants réunis à Paris, Gabriel Attal a annoncé le lancement des « États généraux » du parti. « Pour dire ce qui ne va pas. Ce qui vous a déçus. Ce qui vous inquiète. Ce qui vous donne espoir. Ce que vous voulez faire pour l’avenir », a-t-il listé, selon Le Monde.
Des mots loin d’être anodins, alors qu’Emmanuel Macron est toujours en poste, que Gabriel Attal est président du groupe EPR à l’Assemblée et que l’heure des bilans arrive étonnamment tôt. Ce que réclame à demi-mot l’ancien Premier ministre, débarqué cet été à l’issue de la dissolution, c’est un droit d’inventaire comme il est courant d’en faire en politique. Mais la méthode utilisée pour ces États généraux, elle, est singulière. En effet, l’ex-ministre de l’Éducation nationale prévoit de recontacter les militants macronistes les plus investis lors de la préparation de la campagne présidentielle de 2017 afin de tirer au clair les raisons de leur départ. « Il n’est pas question d’enterrer, de masquer ou de dissimuler [leur] verdict », a promis Gabriel Attal.
Cette opération vérité ressemble à une énième tentative de relancer un mouvement bien mal en point. Renaissance a en effet atteint cet automne son plus faible niveau d’adhésion. Les troupes militantes ont considérablement fondu à mesure de l’exercice du pouvoir. Alors qu’elle revendiquait encore 35 000 adhérents en 2023, la formation présidentielle se repose désormais sur seulement 8 500 militants à jour de cotisation.
« Regarder la vérité en face »
Des chiffres qui interrogent en interne. Et sur lesquels Gabriel Attal entend travailler. D’autant que les macronistes ont enregistré plusieurs lourdes défaites électorales, d’abord aux européennes, puis aux législatives anticipées, qui ont vu leur nombre de députés passer sous la barre des 100. « Il faut faire attention à l’effacement », a d’ailleurs alerté Stéphane Séjourné à la tribune. Gabriel Attal s’est aussi interrogé : « Qu’avons-nous fait de la promesse de 2016 ? », invitant ses ouailles à « regarder la vérité en face ».
Cela ne l’a pas empêché de remercier Emmanuel Macron pour « sa vision », « son énergie » et « son audace ». « Je sais ce que je lui dois », a poursuivi l’éphémère Premier ministre à propos de « celui qui nous a tous réunis, sans exception ».
Pourtant, l’initiative de Gabriel Attal en rappelle d’autres. À la fin des deux septennats de François Mitterrand en 1995, Lionel Jospin, alors Premier secrétaire du Parti socialiste, proposait aux militants un droit d’inventaire. Un objectif qui avait fait sérieusement grincer des dents en interne, beaucoup reprochant à Jospin de n’être pas reconnaissant du travail accompli par Mitterrand et de chercher à tourner la page un peu trop vite. Surtout, il fut accusé de vouloir profiter personnellement de ce droit d’inventaire pour s’imposer. Peu de temps après, Lionel Jospin était candidat à l’élection présidentielle.
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