Ce que propose ce rapport parlementaire pour « une parentalité plus égalitaire »
PARENTALITÉ – Congé paternité égal au congé maternité, demi-journées de congé pour suivre la scolarité… Voici ce que préconise, entre autres, un rapport parlementaire publié mardi 25 juin. Parmi ses objectifs, lutter contre la « pénalité » que la maternité fait peser sur la carrière des femmes et promouvoir une « parentalité plus égalitaire ».
Présenté par les députées Sarah Legrain (LFI) et Delphine Lingemann (MoDem), le rapport recommande ainsi de « porter progressivement le congé paternité à égalité avec le congé maternité », à 16 semaines, dont huit obligatoires. Il est actuellement de 25 jours, s’ajoutant à un « congé de naissance » de trois jours.
Dans le détail, quatre semaines seraient prises dès la naissance pour accueillir l’enfant et soutenir la mère, vulnérable à la dépression post-partum, a expliqué la rapporteure Sarah Legrain. Quatre semaines seraient ensuite obligatoirement prises à l’issue du congé maternité, pour que le père passe du temps seul avec l’enfant et ne soit plus cantonné « au rôle de parent auxiliaire ». Coût global évoqué par Libération : 2,9 milliards d’euros par an.
Selon Delphine Lingemann, ce congé de paternité allongé pourrait encourager la natalité et favoriser un recours plus tardif aux modes de garde. Il encouragerait par ailleurs une « meilleure participation des femmes au marché du travail » et donc « une augmentation des cotisations sociales ».
Un congé pour toutes les interruptions de grossesse
« 90 % des inégalités de revenus entre femmes et hommes sont directement dues à la pénalité parentale que subissent les femmes », relève le rapport. Les femmes « réalisent 71 % des tâches domestiques et 65 % des tâches parentales du foyer », ce qui affecte leur santé physique et psychique (charge mentale, burn-out parental…),ajoute-t-il.
Les rapporteuses se sont aussi penchées sur les difficultés des mères après leur accouchement. Selon une enquête nationale périnatale menée en 2021, 16,7 % des femmes souffrent de dépression post-partum deux mois après leur accouchement. Un renforcement de la formation des praticiens à détecter ce trouble grave de l’humeur est nécessaire, assure le rapport, tout comme l’extension du congé de proche aidant et l’instauration d’une visite chez le psychologue. Facultative, celle-ci serait prise en charge par l’Assurance-maladie dans les trois mois suivant l’accouchement.
Outre ses recommandations en matière de congé suivant la naissance, le rapport parlementaire s’est aussi penché sur les interruptions de grossesse. Actuellement, il est possible de bénéficier d’un arrêt maladie sans jour de carence en cas d’interruption spontanée de grossesse, plus communément appelée « fausse couche ». Sarah Legrain et Delphine Lingemann préconisent un renforcement de ce dispositif aux IVG, ainsi que la mise en place d’un congé maladie de trois jours.
Mieux prendre en compte la parentalité au travail
Parmi ses autres recommandations pour lutter contre les inégalités de genre et parentales, le rapport propose des « cours d’activités domestiques à l’école et au collège pour les garçons et les filles » afin d’« inculquer dès le plus jeune âge, une vision égalitaire des tâches parentales et domestiques ».
Il propose aussi de « mieux prendre en compte la parentalité au travail », constatant que les femmes ont l’injonction de « travailler comme si elles n’avaient pas d’enfants, élever leurs enfants comme si elles n’avaient pas de travail ». Il suggère ainsi d’accorder aux parents des autorisations d’absence, estimées à quatre demi-journées par an, pour participer aux moments clés de la scolarité.
La parentalité est le « principal facteur explicatif » des « inégalités de revenus et de carrière » entre hommes et femmes, a fait valoir la présidente de la Délégation aux Droits des femmes qui a adopté le rapport à l’unanimité. Le rapport préconise aussi de mieux accompagner les parents d’enfants adolescents et de soutenir les parents solos, avec notamment la création d’un statut de famille monoparentale, la défiscalisation de la pension alimentaire et la déconjugalisation de l’Allocation de soutien familial, actuellement supprimée en cas de remise en couple. « Conjugaliser cette aide financière revient à ôter aux mères solos une partie de leur autonomie financière », pointe le rapport parlementaire.