Politique

Ce que réserve Europe 1 à ses auditeurs après la fin de l’émission contestée de Cyril Hanouna

MÉDIAS – Deux petites semaines, dix numéros, et puis s’en va. Taillée sur mesure pour les élections législatives, l’émission de Cyril Hanouna sur Europe 1 a baissé le rideau vendredi 28 juin, quelques heures avant la fin de la campagne électorale.

Insérée au chausse-pied dans la grille des programmes de la station de radio détenue par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, On marche sur la tête a donc pris fin après quinze jours d’existence. Mais Europe 1 a déjà trouvé comment remplacer l’émission de l’animateur vedette de C8 en offrant les clefs du créneau de 16 heures à 18 heures à Eliot Deval.

Mise en demeure par l’Arcom

Pour les deux prochaines semaines, celui qui officie sur CNews en tant que joker de Pascal Praud obtient une nouvelle émission politique quotidienne intitulée sobrement : « Eliot Deval sur Europe 1 ». Une manière pour la station de radio de « rester mobilisée sur l’actualité politique après le premier tour des élections législatives », comme elle l’explique dans un communiqué.

Selon Europe 1, cette nouvelle émission donnera une nouvelle fois à la parole à des invités et chroniqueurs du lundi 1er au 12 juillet. Une voix déjà connue des auditeurs puisqu’Eliot Deval opère déjà le samedi matin sur une tranche qu’il coanime avec Philippe de Villiers. Un remplacement qui sera forcément observé de près après les nombreuses critiques formulées contre On marche sur la tête, rappelée deux fois à l’ordre par l’Arcom en l’espace de deux semaines de campagne législative.

Dans un premier temps, le 19 juin, le régulateur de l’audiovisuel avait épinglé la station « au regard notamment des évolutions apportées récemment à » sa grille, pour lui rappeler son obligation de « traiter avec mesure et honnêteté l’actualité électorale ». Le 27 juin, l’Arcom avait finalement mis en demeure Europe 1 pour son manque de « mesure » et « d’honnêteté ». Une première dans l’histoire de son antenne.

À ce titre, il était principalement reproché à Cyril Hanouna et sa bande de traiter la formation politique du Nouveau Front populaire « de manière systématiquement critique et virulente, en des termes souvent péjoratifs et outranciers ». Sans oublier le fait qu’une grande majorité des d’invités étaient issus de l’extrême droite.

« Propagande politique »

Des attaques contre l’émission de Cyril Hanouna que ce dernier n’a que peu apprécié lors de la dernière émission diffusée vendredi, dénonçant un « deux poids deux mesures ». Avant d’ajouter : « Les amendes, je connais bien… », dans une référence à peine voilée aux nombreuses sanctions de l’Arcom contre Touche pas à mon poste et plus largement contre la chaîne C8 qui diffuse le programme phare de Cyril Hanouna à la télévision.

Le journal Le Monde a pourtant réalisé ce samedi 29 juin un travail de chiffrage de la représentation politique dans l’émission diffusée cinq jours par semaine jusqu’au premier tour. Sur quinze heures de direct diffusées sur les ondes, le temps de parole des invités issus du Nouveau Front populaire concerne 1 641 secondes, contre 6 116 pour le camp présidentiel et 5 499 secondes pour le RN et son alliance avec LR, sans compter les 552 secondes pour Debout la France et les 661 secondes de Reconquête.

L’enquête, au-delà de relever le temps d’antenne considérable accordé à l’extrême droite, dévoile également que plusieurs dizaines de minutes de direct ont été subtilement retirées des replays d’Europe 1. En cause selon le journal ? « Ces passages, parfois longs de dix minutes, contiennent, selon un cabinet de conseil juridique, des accusations politiques et personnelles pouvant exposer Europe 1 et Cyril Hanouna à des poursuites judiciaires, sur la base de la diffamation et de l’atteinte à la présomption d’innocence », indique-t-il.

De quoi inspirer un constat inquiétant : l’émission présentée au départ comme un temps d’antenne permettant de « revenir sur l’actualité politique » s’est presque immédiatement transformée en émission de « propagande politique, en pleine période électorale ».

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