Ce sondage sur la présidentielle ravit les partisans de l’union de la gauche, sauf que…
POLITIQUE – Sondage de raison ? Plusieurs responsables de gauche se félicitent d’une enquête d’opinion dévoilée ce mercredi 30 avril par l’institut Toluna – Harris Interactive. Réalisée deux ans avant l’élection présidentielle, elle offre plusieurs arguments aux promoteurs d’une candidature d’union qui regrouperait – très – large.
Concrètement, l’étude commandée par le média engagé Regards montre que 8 Français sur 10 se situant à gauche de l’échiquier politique sont favorables à l’idée d’un candidat commun. Plus parlant encore, si cette personnalité parvenait à fédérer tous les partis représentés au Parlement (Place Publique, l’Après, Génération.s, PCF, Écologistes, PS, LFI), elle récolterait aujourd’hui 26 % des suffrages au premier tour.
Pour la gauche, ce score serait synonyme – toujours selon les rapports de force aujourd’hui – de qualification pour le second tour, face à Marine Le Pen ou Jordan Bardella. Une différence de taille avec toutes les ambitions solitaires, gratifiées aujourd’hui de 12 % d’intentions de vote, au mieux, selon les différents instituts, qui vient donc conforter les partisans de l’union. Un peu trop vite ?
Ce que les unionistes ne disent pas
Marine Tondelier et Lucie Castets, les deux figures de proue de ce projet de candidature commune, se sont rapidement emparées des chiffres, en les partageant sur les réseaux sociaux. La cheffe des écologistes appelle à bien « retenir ce sondage » et demande à ses partenaires ce qu’ils « attendent » pour répondre à cette « demande de l’électorat. » « Ensemble nous sommes le seul rempart à l’extrême droite ! Il nous reste 2 ans, et pas une minute à perdre », écrit pour sa part la candidate éphémère de la gauche pour Matignon.
Autant de messages optimistes, également appuyés du côté des députés ex-LFI Alexis Corbière ou Clémentine Autain, qui se heurtent quelque peu à la réalité politique. L’hypothèse reluisante mesurée à 26 % se fonde effectivement sur une candidature qui irait du parti Place Publique de Raphaël Glucksmann à la machine insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Un mirage.
Les deux mouvements, qui représentent chacun une tendance de la gauche (sociale démocrate pour l’un, de rupture pour l’autre) s’opposent – souvent bruyamment – sur des enjeux fondamentaux, allant de l’international à la laïcité. Le tout avec un désaccord profond sur la façon de mener le combat politique : conflictuel chez LFI, consensuel chez Place Publique. Résultat (logique) : aucun n’envisage, à ce stade, de s’allier à nouveau. Quant à leurs figures de proue, les deux sont dans une logique solitaire, chacun à leur rythme, avec l’espoir encore lointain d’agréger d’autres forces derrière leurs ambitions.
D’un côté, Raphaël Glucksmann cache de moins en moins ses envies pour 2027. « Je suis prêt à y laisser ma peau », a-t-il déjà déclaré à la presse, tandis que ses soutiens s’attachent à cultiver sa différence avec le reste du NFP. « Sa force d’entraînement dépasse les contrées de la gauche. Il ne s’agit pas de patauger dans le grand bouillon de l’appel à l’unité », assurait par exemple le député Aurélien Rousseau (ancien ministre d’Élisabeth Borne et unique député Place Publique) à L’Opinion mi-avril. De l’autre, Jean-Luc Mélenchon continue d’avancer ses pions, sans s’arrêter sur les initiatives unionistes.
L’hypothèse « de Glucksmann à Ruffin »
« Les partenaires avec qui j’ai fait affaire ne respectent rien. Pas leur propre parole. Nous avions un programme (avec le NFP), à peine l’encre était-elle sèche qu’ils me jetaient à nouveau des pierres et expliquaient qu’ils n’en voulaient pas la moitié », a-t-il déclaré mardi soir sur BFMTV, en expliquant que les Français auront à choisir en 2027 « entre des visions du monde » différentes. « Vous l’avez fait dix fois dans le passé, et il faudra le faire encore une onzième. Et celle-là, c’est moi », a même fini par lâcher le fondateur de la France insoumise… Sans toutefois franchir le pas de l’officialisation de sa candidature.
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En somme, la piste des 26 % mise en avant par Marine Tondelier et Lucie Castets n’existe pas réellement. Elle est d’autant moins envisageable, que les deux concurrents sont aujourd’hui crédités de quelque 12 % des voix dans les sondages, même si la gauche est totalement dispersée. Un score certes moins encourageant que l’hypothèse d’une candidature commune. Mais loin d’être rédhibitoire à deux ans du scrutin.
Reste alors un cas de figure évoqué par l’étude, et relayé par le premier secrétaire du Parti socialiste, d’un mot, ce mercredi sur France Inter. Selon le sondage publié par Regards, une candidature de la gauche unie, sans la France insoumise, récolterait aujourd’hui 20 % des voix, suffisant pour se qualifier au second tour. Le mouvement mélenchoniste, lui, ne dépasserait pas 8 %. C’est la coalition « de Glucksmann à Ruffin », le mantra d’Olivier Faure depuis plusieurs semaines, et encore ce matin quand il évoquait un « espace » pour gagner.
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Il n’empêche, ces chiffres méritent là aussi d’être relativisés pour ceux qui imaginent un chemin aisé pour la gauche. L’étude menée aujourd’hui ne permet pas la personnalisation du scrutin, une donnée essentielle pour l’élection présidentielle. Il ne prend pas en compte non plus les dissensions et les dommages que peut provoquer une course interne pour dégager un seul représentant. Enfin, elle s’inscrit à deux ans du scrutin, ce qui n’a que peu de valeur en comparaison des vraies dynamiques électorales, lesquelles démentent souvent les sondages trop précoces. Autant de raisons de tempérer les lectures enthousiastes.
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