Ces 4 signes qui laissent penser que la confusion à l’Assemblée ne fait que commencer
POLITIQUE – Y voit-on vraiment plus clair ? La (difficile) répartition des postes étant actée à l’Assemblée nationale, on aurait dû mieux percevoir les dynamiques politiques et la façon dont les blocs allaient interagir dans les prochaines semaines. C’était en tout cas l’espoir de nombreux députés. Mais la « clarification » tant voulue par Emmanuel Macron pourrait en réalité ne pas avoir eu lieu.
De nombreuses zones d’ombre persistent, les frontières entre majorité et opposition demeurent floues, et surtout, chacun se demande comment une telle configuration va pouvoir accoucher de textes et de lois dans les prochains mois. Et si la répartition des postes clés a déjà donné quelques exemples bien tangibles de capharnaüm, entre votes interminables, soupçons de triche, rappels au règlement incessants et accrochages verbaux, la confusion ne fait peut-être que commencer. La preuve par 4.
· Le NFP majoritaire au bureau de l’Assemblée
C’était la surprise du chef. Samedi 20 juillet, au réveil (ou au beau milieu de la nuit pour les plus férus de l’activité parlementaire), on a appris que le bureau de l’Assemblée, la plus haute instance décisionnaire du Palais Bourbon, avait basculé majoritairement à gauche. Le Nouveau Front populaire a réussi à faire bloc et déjouer les pronostics qui donnaient l’alliance LR-Macronie gagnante.
Une bonne nouvelle pour un NFP enlisé dans son incapacité à dégager un nom pour Matignon, mais un nouveau pavé dans la mare du flou qui règne à l’Assemblée depuis les législatives du 7 juillet. Une Présidente macroniste (Yaël Braun-Pivet) et un bureau acquis à la gauche ? Des députés parlent de « cohabitation » forcée, et l’on peine encore à envisager une situation qui ne s’est jamais produite. Tout indique que la Présidente ne pourra plus sanctionner autant qu’elle en avait pris l’habitude sous la précédente législature… puisqu’elle devra désormais faire valider ses punitions par la gauche. Les prochaines réunions du bureau risquent donc d’être animées. D’autant que la gauche espère faire de cette situation un marchepied pour accéder à Matignon.
· Liot, faiseurs de roi ?
C’est l’histoire d’un tout petit groupe qui se rêve gros. Liot, groupe hétéroclite et inclassable sur l’échiquier politique (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires de son vrai nom), s’est fait connaître au moment de la réforme des retraites, quand ses membres, leur chef Charles de Courson en tête, ont cru pouvoir faire tomber le texte du gouvernement.
Pour la nouvelle législature, ils n’entendent pas abandonner ce rôle de poil à gratter et de petit caillou dans la chaussure de l’exécutif. Dans un hémicycle morcelé, ils ont joué ces dernières heures un rôle pivot, capable de faire basculer un vote d’un côté ou de l’autre.
Lors de l’élection du président de l’Assemblée jeudi 18 juillet, les voix en faveur de Yaël Braun-Pivet et d’André Chassaigne étaient au coude-à-coude au deuxième tour (210 contre 200). Ce sont les 18 députés Liot qui ont permis de faire pencher la balance. Le même scénario s’est produit les deux jours suivants. Si Éric Coquerel a été réélu président de la commission des finances, c’est grâce à l’apport des voix de Liot. De là à les imaginer faiseurs de roi ? Le NFP pourrait bien avoir besoin, du moins occasionnellement, de ces quelques voix supplémentaires s’il veut gouverner et faire voter des textes. Idem pour le bloc macroniste, plus ou moins aidé dans sa tâche par Les Républicains. Reste que le groupe Liot est trop faible pour renverser complètement la vapeur. Tout juste peut-il jouer un rôle pivot, ou tampon.
· L’alliance fragile entre LR et Macronie
Il était discuté, préparé et mijoté depuis plusieurs heures en coulisses. Et puis patatras. Le « pacte » dont rêvaient la droite et les macronistes s’est révélé très fragile dès ses premières heures d’existence, ce samedi, puisqu’il n’a pas servi à faire élire la députée LR Véronique Louwagie à la présidence de la commission des finances. C’était pourtant un élément clé de cette alliance entamée jeudi, lorsque LR a retiré son candidat à la présidence de l’Assemblée, Philippe Juvin, pour ne pas faire d’ombre à la sortante Yaël Braun-Pivet.
Le groupe dirigé par Laurent Wauquiez a-t-il été trop gourmand en visant un poste d’ordinaire dévolu à l’opposition tout en pactisant avec le groupe présidentiel ? C’est ce que pensent de nombreux observateurs au vu des exigences très élevées portées par LR, eu égard à leur poids relatif (et en forte baisse) dans l’hémicycle (46 députés sur 577). Il n’en reste pas moins qu’aussi fragile qu’elle soit, l’alliance est la seule bouée de sauvetage pour des macronistes qui n’ont pas renoncé à gouverner, mais qui ne cessent de tancer tout le reste de l’hémicycle. Les prochaines semaines diront si ces alliés de circonstance arrivent à travailler ensemble. On a vu combien, lors de la dernière législature, cela avait été laborieux.
· Quel poids pour le RN ?
Donné grand gagnant des élections législatives par tous les instituts de sondage, le RN sera passé par toutes les émotions… jusqu’à sa déceptive troisième place au soir du second tour. Si les troupes de Marine Le Pen espéraient que le barrage républicain était derrière elles, c’était peine perdue. Tout juste s’est-il mué en « cordon sanitaire » au palais Bourbon pour remplir exactement le même objectif : empêcher l’extrême droite d’accéder au moindre poste à responsabilité. Reste désormais à savoir quel rôle joueront les forces d’extrême droite : l’attentisme jusqu’à une nouvelle occasion en 2027 ? Ou avant ?
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